Dans la maison aux trésors de Bria Bari...
Avant la vente exceptionnelle de quelques-unes de ses oeuvres et de sa collection, nous avons visité la demeure de l’artiste cannois, à la renommée internationale, disparu en mars dernier
Deux sculptures de résine aux formes rebondies s’enlaçant, accueillent le visiteur. Gilbert Bria Bari, disparu le 8 mars dernier à l’âge de 86 ans, est bien le peintre de la matière et de la sensualité. Sa maison, cet ingénieur des ponts et chaussées devenu artiste à la quarantaine, l’a construite de ses mains. Murs arrondis, presque charnels.
Dans le bureau de Henry Kissinger
Niché comme une vigie sur « son Suquet » comme confie Suzanne, une de ses filles, son atelier est encore peuplé d’une forêt de ses bonshommes de terre cuite aux allures débonnaires ou inquiétantes. Orphelins. À l’instar de Gustavo qui veille depuis 2012 sur les boulistes des Allées de la Liberté.
Car l’oeuvre de l’artiste né en 1933 à Cannes a traversé les frontières. Et les temps. Ses toiles ont orné le bureau de l’ancien maire de Cannes Maurice Delauney, comme celui de l’ex-chef de la diplomatie américaine Henry Kissinger ! Fils de commerçants du marché Forville, le jeune
Gilbert a toujours dessiné. Au début, il peint au couteau des oeuvres figuratives. « Je me souviens, quand adolescente, je le regardais peindre en écoutant Mahler, Barbara, Brel ou Radioscopie de Jacques Chancel. Il peignait vite ». Le style de l’autodidacte inspiré passe ensuite à l’abstraction.
Tableaux bas-reliefs
Sa première exposition, c’est à Cannes en 1960. Dans les années 1970, les marchés allemand, belge, et américain raffolent de ses tableaux bas-reliefs aux circonvolutions fascinantes en trois dimensions. Polymères, bronzes et résines se transforment en irruptions voluptueuses sous ses doigts. Le sculpteur exposera en Belgique, en Italie,
en Angleterre... À Cannes souvent, à la Galerie 65, à la Malmaison en 2009 et à Vallauris où il exposa une dernière fois en 2013. « Ila voyagé partout en Afrique, en Inde, en Amérique du Sud, mais il revenait toujours à son Suquet », glisse Suzanne.
Sa femme Marie-Thérèse, disparue il y a sept ans, était le pilier de sa vie. « La symbolique du couple l’a beaucoup inspiré ».
Quelques-unes de ses oeuvres sont à acquérir lors d’une vente aux enchères exceptionnelle en novembre.
Il laisse deux filles, cinq petits-enfants, trois arrière-petits-enfants...et une oeuvre marquante immense.