Nice-Matin (Cannes)

Témoignage­s

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Antibes : « Il faut tenir le cap »

Plusieurs centaines de personnes massées sur le cours Masséna, face à l’hôtel de ville d’Antibes-Juan-lesPins, pour honorer la mémoire de Samuel Paty. Dans l’assistance, qui a observé une minute de silence avant d’entonner la Marseillai­se, Hassan El Jazouli, prof au collège de la Fontonne (photo S. Botella). À la rentrée, que va dire cet enseignant à ses élèves ?

« D’abord d’observer une minute silence. Puis revenir sur les faits, leur demander tout ce qu’ils en savent avant de pouvoir décrypter l’actualité de ce qu’il s’est passé. Surtout revenir sur notre programme d’histoire et de géographie mais aussi sur l’enseigneme­nt moral et civique. Il faut tenir le cap. Continuer à enseigner ce programme moral et civique, bien revenir sur les valeurs de la citoyennet­é, de la liberté, de toutes les libertés fondamenta­les. Il faut faire preuve de pédagogie envers tous les élèves. »

Grasse : « Trouver les mots justes »

Chrystine Cortasa est la directrice de l’école Émile-Félix à SaintValli­er-de-Thiey (Ph. P. Lapoirie). Elle tenait absolument à être présente à Grasse, hier midi, face à la cathédrale, place du PetitPuy, pour la cérémonie d’hommage à son confrère Samuel Paty.

« J’attends la rentrée scolaire pour réunir mes collègues afin de pauser une réflexion sur ce que l’on peut mettre en place sachant que j’ai un public qui va de deux ans et demi à dix ans. C’est compliqué, mais il va falloir trouver les mots justes faire passer ce message et, surtout, réaffirmer le principe de laïcité. »

Cannes : « Réaffirmer la nécessité de la liberté d’expression »

Pour Julien, instituteu­r à Cannes (Photo Cl. C.) ,il s’agissait

« avant tout d’une journée d’hommage pour Samuel Paty ». Pour l’enseignant, les solutions pour que ce genre de drame n’arrive plus seront «un combat sur le long terme contre le fanatisme et contre les ennemis de la République ». « Il est important de réaffirmer la nécessité de la liberté d’expression », insiste-t-il. Concernant les élèves, Julien a l’intention d’adapter son discours, en fonction de l’âge, pour ne pas heurter les écoliers. « La réflexion est en cours pour aborder ça au mieux », précise-t-il.

Menton : « La démocratie commence aussi dans la salle de classe »

« A-t-on des limites à l’humour ?», souligne Thierry Sitter-Thibaulot, professeur d’histoire-géographie au lycée Pierre et Marie Curie à Menton. C’est cette question fondamenta­le qui est à l’origine de ces assassinat­s, que ce soit Charlie Hebdo en  ou Samuel Paty la semaine dernière. En , j’ai consacré une semaine entière à traiter de ce sujet. On a parlé de religion et d’histoire religieuse. Cela ne veut pas dire parler d’opinion et d’idéologie. Ce n’est pas parce qu’on est dans une école laïque qu’on doit s’interdire de parler de ces sujets. Les élèves étaient demandeurs. Certains ont parlé de blasphème. Mais il ne faut pas oublier que les jeunes sont le fruit de l’éducation de leurs parents. Souvent, ils répètent ce (J.-F. Ottonello)

qu’ils entendent à la maison. Dans ces moments-là, il est important de rappeler des valeurs, qu’ils ignoraient ou avaient oublié. La démocratie commence aussi dans la salle de classe. »

Nice : « Il faut que les professeur­s restent forts »

Gwenaëlle et ses deux filles, Kehïra, en e et Bahya, au CP étaient hier sur la place Masséna lors de l’hommage à Samuel Paty. « C’est inimaginab­le que quelque chose comme ça puisse se produire. C’est important qu’on soit tous là pour que ça n’arrive plus et ça passe forcément par (Élise Martin)

l’éducation. Je suis fière que les filles aient eu envie de venir, on en a parlé, elles savent et je suis émue et touchée qu’elles prennent conscience de cette manière. Avant de venir, nous sommes allées à l’église brûler un cierge pour ce professeur et on a fait la chahada, une prière musulmane qui accompagne les morts. Avec mon mari, on s’attache à construire leur éducation. Il est musulman, je suis catholique, on fait le ramadan mais ça ne nous empêche pas d’aller à la messe et de manger chez nos voisins juifs en rapportant des plats kasher. C’est ça le vivre ensemble. La symbiose entre les religions, c’est possible. Ça passe forcément par l’échange. Alors, il faut que les professeur­s restent forts, qu’ils continuent de défendre les valeurs de la France et que tous les parents les soutiennen­t. »

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