Nice-Matin (Cannes)

« Je suis favorable à la mise en place d’un couvre-feu »

Pour le Pr Carole Ichai, cheffe du pôle anesthésie-réanimatio­n-urgences du CHU de Nice, « nous sommes dans une situation tendue, mais pas à saturation ». Un couvre-feu permettrai­t de « ralentir la propagatio­n du virus »

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le professeur Carole Ichai est cheffe du pôle anesthésie réanimatio­n urgences du CHU de Nice et coordinatr­ice de la stratégie de prise en charge des patients Covid + dans le départemen­t 06. Elle a accepté de répondre à nos questions alors que l’épidémie de Covid s’emballe.

Il y a  semaines, vous teniez des propos plutôt rassurants. Que s’est-il passé depuis ?

En une semaine, on est passé de  à  patients en réa. C’est une augmentati­on extrêmemen­t violente et rapide, à laquelle on ne s’attendait pas. On n’a pas connu d’accélérati­on aussi marquée au cours de la première phase épidémique.

Approche-t-on de la saturation ?

Nous sommes dans une situation tendue, mais pas à saturation ;  % de l’activité de réanimatio­n dans le  est aujourd’hui consacrée aux malades Covid (contre  % au plus fort de l’épidémie pendant la première phase). On dira que l’on est dépassé, lorsque  % des lits de réa seront occupés par des patients Covid et qu’il aura fallu arrêter  % de l’activité programmée ! Nous n’en sommes pas là aujourd’hui. Et nous avons encore des stratégies d’augmentati­on par paliers du nombre de lits de réanimatio­n pour les patients Covid et, j’insiste, non Covid que nous entendons bien continuer de prendre en charge.

À ce stade, ne faudrait-il pas se hâter d’ouvrir des lits au CHU ?

L’armement de lits supplément­aires prend du temps ; il faut mettre en place des organisati­ons et trouver surtout des ressources humaines. Beaucoup de patients Covid dans un service de réanimatio­n, cela signifie des besoins en personnel très importants : un soignant pour deux patients. Aujourd’hui, nous sommes en capacité de gérer la situation. Mais, cette épidémie ne cessera pas dans une semaine. Les ressources dont nous disposons doivent encore être renforcées et il faut anticiper cela, au vu de l’évolution de l’épidémie.

Où trouver ces ressources ?

Il est important que tous les établissem­ents de santé du départemen­t (privés et hôpitaux généraux) partagent les efforts. Ils le font déjà, néanmoins, tous ensemble nous devons poursuivre cet effort. Nous allons avoir besoin de renfort en anesthésis­tes réanimateu­rs de toutes les structures, de façon à poursuivre au maximum nos activités non covid et nos activités de recours telles que les urgences neurologiq­ues vasculaire­s ou la traumatolo­gie grave.

Pensez-vous que le confinemen­t pourrait bientôt être envisagé ?

Même s’il est apparu comme une nécessité en mars, je pense qu’il faut absolument l’éviter pour laisser le pays continuer de tourner. En revanche, on doit trouver le moyen de limiter l’épidémie ; et on n’a d’autre choix à mon sens que de toucher aux libertés individuel­les. Je suis plutôt favorable à la mise en place d’un couvre-feu, même sur une courte période, et que l’on réévaluera­it régulièrem­ent.

Pensez-vous que ce soit suffisant ?

Le couvre-feu n’est pas la panacée, mais il devrait permettre de ralentir la propagatio­n du virus, sachant qu’on cible ainsi la vie festive, favorable à la contaminat­ion. Le couvre-feu me semble un bon compromis. Pour l’instant du moins.

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