« Au final, je me retrouve accusé de détention et de trafic de stupéfiants... »
C’est une réalité induite directement par le flou juridique qui entoure le CBD. Pendant des mois, après les premières ouvertures de magasins, les policiers ont enchaîné contrôles et perquisitions, à Antibes comme à Cannes, afin, notamment, de faire des analyses sur les produits vendus. Depuis, les tribunaux n’ayant pas été capables de trancher, les jugements sont dans l’attente d’une jurisprudence de la Cour européenne de justice. «Sur l’ensemble des boutiques de ma franchise, je dois en être à quinze perquisitions, regrette Franckie R, qui tient les rênes des CBD Shop. À deux reprises, ils sont venus perquisitionner des fleurs de cannabis et m’ont placé en garde à vue. Une fois à Antibes et une autre à Cannes. À chaque fois, dans la foulée, j’ai été déféré devant le parquet de Grasse. Derrière, je ressors libre et je peux continuer mon activité car il n’y a rien d’illégal. Mais ils ne me rendent pas ma marchandise. C’est incompréhensible. Nous avons toutes les factures de nos fournisseurs, on peut prouver le taux de THC inférieur à 0,2 %… tout ça représente des pertes économiques énormes. On reste dans l’attente d’un jugement dans ces dossiers. On n’a toujours pas de date d’audience. Le problème réside dans le fait que l’on puisse ou non vendre des fleurs car les lois européennes et françaises ne disent pas la même chose. Je ne comprends pas car la loi européenne devrait l’emporter. Au final, je me retrouve quand même accusé de détention et de trafic de stupéfiant… »
Une perquisition, euros de marchandises volatilisées
Même cas de figure pour Anthony Mamone, de Flower Shop : «Onaétéperquisitionné à Cannes il y a 6 mois environ et ils ont saisi une grosse quantité de CBD. Pour environ 8 000 euros de marchandise, que l’on ne nous a pas rendue. Le tout, en nous faisant passer pour de gros trafiquants de drogue. Ils m’ont menotté et embarqué au poste de police devant tout le monde avant de me placer en garde à vue. J’ai été auditionné puis relâché. Dix jours plus tard, ils ont reçu les résultats des analyses et m’ont une nouvelle fois placé en garde à vue. J’ai été déféré devant le parquet de Grasse. Mon avocat a saisi l’affaire. Et dès le lendemain j’ai pu rouvrir mes boutiques car rien n’avait été placé sous scellé. » Dans l’attente de son jugement, ce dernier se dit épuisé. «Je comprends les contrôles, je comprends qu’ils veulent s’assurer que l’on ne cache pas de vrai trafic de drogue. Mais quand on est “clean” et que l’on fait quelque chose de légal, je ne comprends pas tout ce qu’il y a autour. Il y a des façons de faire. C’est aberrant. La France doit se mettre à la page sur le plan législatif. Le CBD n’est pas une drogue, il n’y a aucun effet psychotrope ni aucune addiction ! »