Saint-Laurent : « Nous faire fermer, c’est lamentable »
La fête est finie. Les portes des bars doivent rester closes. C’est l’une des nouvelles consignes annoncées, jeudi après-midi, par le Premier ministre Jean Castex. Si les restaurants conservent l’autorisation de servir entre 6 h et 21 h, en dehors du couvre-feu, certaines catégories d’établissements, comme les salles de sport et les bars, n’ont pas cette chance.
Le Django Bar est une institution de la vie nocturne à Saint-Laurent-du-Var. Le propriétaire, Pascal Macri, est remonté : « C’est une décision catastrophique ! »
Une annonce àla«va-vite»
« Catastrophique » pour une raison évidente : l’énorme perte financière engendrée par cette fermeture forcée. « Et encore une fois, c’est fait de façon maladroite ! », balance le patron qui ne mâche plus ses mots. « Comme au mois de mars, on nous annonce ça la veille pour le lendemain. À la vavite. Encore une fois, on n’a pas eu le temps de se préparer. » Et à une semaine de Halloween, la soirée à thèmes qui plaît le plus à ses habitués, Pascal Macri ne décolère pas. « Le pire c’est qu’on reste dans l’incertitude. » À quelles aides auront droit les propriétaires de bars ? «Onenaaucuneidée!On nous a balancé ça et pour le reste, c’est “Démerdez-vous”. »
Un goût amer pour ce père de famille. Et comme un air de déjà-vu. « Rebelote, comme au printemps, il va falloir prendre rendez-vous avec les banques, gratter des aides à droite et à gauche, mettre mon personnel en chômage partiel... » Le chômage partiel reste quand même « un soulagement » pour le gérant : ses employés seront payés par l’État. « Mais qui va faire vivre ma famille ? Qui va sauver mon affaire ? », interroge Pascal Macri, comme une supplique. « C’est lamentable d’avoir pris une décision aussi radicale. » Lamentable ? le mot n’est pas trop fort pour ce patron qui justifie : « On autorise les restaurants à ouvrir la journée mais on ferme les bars. Quelle est la différence ? Je ne vois pas ! Pareil pour les transports en commun et les supermarchés, où les gens s’entassent. »
«Onnefaitquesubir»
Il l’assure, malgré quelques « abus » de certains bars, la plupart de ses confrères ont « respecté toutes les règles sanitaires qu’on leur a imposées ». Et développer une activité de restauration en journée ? Impensable. Même s’il fait des burgers et tapas en soirée. « Chacun son métier, je ne vais pas m’inventer restaurateur le midi en une semaine. Je n’ai pas la clientèle pour ça et je vais devoir payer du personnel pour ne rien gagner, au final. » Comme d’autres professionnels du secteur, Pascal Macri a la sensation d’être un dommage collatéral de cette crise sanitaire. «Ils maintiennent les élections, le Tour de France... Tout ce qui les arrange. Et nous, on ne fait que subir. »