Banco pour le dépistage massif en entreprise
La société Ubaldi est la première à jouer le jeu pour ses 400 salariés. La ville de Nice met à disposition des entreprises des tests ultrarapides pour ce despitage de masse sans exemple
Les bars fermés. Le couvrefeu instauré. Théoriquement on ne pourra plus faire la fiesta en famille ou entre potes pendant au moins six semaines pour éviter que le virus ne devienne totalement incontrôlable... Mais quid des entreprises, second vecteur dans les Alpes-Maritimes selon l’ARS (Agence Régionale de Santé) de propagation ?
À Nice, l’entreprise Ubaldi a fait de ce casse-tête une obsession. Lorsqu’en accord avec l’ARS, la ville de Nice s’est proposée en milieu de semaine de faciliter, encadrer et inciter au dépistage de groupe clefs en main sur les lieux de travail, Walter Ubaldi a dit banco. Sans hésitation. Presque avec soulagement, et sans doute aussi un peu pour montrer la voie aux patrons des PME et des grandes entreprises des Alpes-Maritimes.
Un double oui, dès lors que Christian Estrosi propose de mettre à leur disposition les fameux tests antigéniques ultrarapides ainsi que le personnel formé par le professeur Carles du CHU de Nice pour le prélèvement et les analyses sous contrôle d’un médecin : « Dépister massivement, avec des tests beaucoup moins invasifs et surtout qui donnent un résultat entre quinze et dix-huit minutes... Là où en temps normal il faut attendre quatre à cinq jours : c’est selon moi le vrai combat à mener », plaide le maire de Nice. « Plus il y aura d’entreprises qui nous solliciteront, plus nous gagnerons des batailles contre la Covid et qui sait, un jour la guerre. »
Testés au boulot
Dès mercredi et en trois phases jusqu’à samedi, les 400 salariés de l’enseigne de vente de produits techniques et électroménagers seront ainsi testés. « Mon angoisse depuis le début de la crise, c’est le cluster », confesse Walter Ubaldi, le patron historique de la marque niçoise. La vigilance anti-Covid, ici, est déjà extrême depuis février dernier : « Sans doute parce que nous appartenons à un consortium italien ! Lorsqu’au tout début 2020, certains, non sans ironie hélas, nous assuraient que la pandémie s’arrêterait à la frontière... Parce que notre système hospitalier est tellement (!) moins archaïque, nous avions ici appris de nos amis italiens qu’il fallait anticiper. »
Ainsi, depuis huit mois, à l’entrée de tous les locaux de vente ou de logistique, des caméras thermiques prennent la température des employés. L’investissement consenti pour que les gestes barrières ne soient pas de pauvres lignes Maginot frôle chez Ubaldi le million d’euros. La circulation de tous nos bureaux et locaux a été repensée. Des processus de livraison sans contact ont été inventés.
« Tout sauf du flicage »
À chaque retour de vacances ou de déplacement professionnel, du P.-D.G. à l’intérimaire, chacun a pris le réflexe de passer d’abord par la case dépistage. Jean-Pierre Sorio, le D.-G., en est à son dixième test.
Quelques jours avant le déconfinement, avant de rouvrir les magasins à Nice et Monaco, Walter Ubaldi avait déjà obtenu du laboratoire Serballiance de Saint-Isidore qu’en trois jours tout son personnel soit testé PCR... Loin d’être perçue comme une contrainte, la décision avait reçu l’aval des représentants du personnel. L’annonce de ce dépistage de groupe la semaine prochaine est du coup déjà parfaitement intégrée : « Cela n’a rien à voir avec du flicage, confirme Maxime, 29 ans, chef de projet. Contrairement aux PCR, on va tous savoir grâce aux tests antigéniques quel est l‘état sanitaire de toute la boîte. C’est juste superrassurant ! »