RSA : la crise économique fait croître les allocataires
Du fait d’un marché du travail sinistré, les bénéficiaires du Revenu de solidarité active sont en hausse dans les Alpes-Maritimes. Le Département tente de leur remettre le pied à l’étrier
C’est hélas tout sauf une surprise, au regard du contexte économique. D’août 2019 à août 2020, le nombre d’allocataires du RSA (Revenu de solidarité active) a augmenté de 18,5 % dans les Alpes-Maritimes, l’une des plus fortes hausses de l’Hexagone.
« Cette poussée conjoncturelle est principalement liée à la crise sanitaire et à la nature du tissu économique du département, très dépendant du tourisme, note Camille Morini, directeur de l’insertion et de la lutte contre la fraude au conseil départemental. Du fait de la réduction d’activité, de nombreux travailleurs saisonniers n’ont pu faire valoir leurs droits à Pôle emploi et se sont retrouvés au RSA. Parmi les nouveaux bénéficiaires, on trouve aussi un tiers de travailleurs indépendants, d’auto-entrepreneurs et artisans mis à genoux par la crise. »
Les fraudeurs traqués
Conséquence, les allocataires du RSA ont flambé en quelques mois. Les Alpes-Maritimes en comptaient 25 933 fin août, alors qu’ils n’étaient que 22 905 en février. Une évolution soudaine de 13 % parallèle à celle des chômeurs, passés dans le même temps de 67 000 à 76 000 et qui a surtout touché une population jeune. «En quatre mois, suite au confinement, nous avons perdu le bénéfice de quatre ans de recul des allocataires », remarque Camille Morini. Du coup, le Département, financeur du RSA, va devoir remettre au pot : « Alors que l’enveloppe qui lui était dédiée s’est élevée à 132 millions d’euros en 2019, nous allons monter à 150 millions en 2020 », constate Charles-Ange Ginésy, le président de la collectivité. Pour autant, les Alpes-Maritimes restent un département où le nombre des bénéficiaires demeure plutôt faible en proportion de la population.
Le fruit notamment d’une politique de lutte contre la fraude, engagée dès 2012 par Éric Ciotti, alors président de ce qui s’appelait encore le conseil général.
« Depuis 2012, la collectivité a ainsi économisé 18,2 millions, à raison de 350 radiations en moyenne par an pour fraude caractérisée », constate Charles-Ange Ginésy. Qui précise : « Ces radiations sont évidemment opérées à bon escient et jamais arbitraires. Elles ont généré 80 recours devant le tribunal administratif et aucun n’a été gagné par les requérants. »
Prime à l’insertion
En parallèle, 8 000 suspensions ont été prononcées en 2019 pour nonrespect des démarches d’insertion. Soit une économie d’une quinzaine de millions. Sachant que 40 % environ des « suspendus » sont par la suite réintégrés dans leurs droits. « Aucune suspension n’a bien sûr été prononcée pendant la période de confinement », souligne Camille Morini. Si la hausse des allocataires semble aujourd’hui avoir atteint un pic, stabilisée autour de 26 000, le Département, en sus de son enveloppe de 150 millions directement liée au versement du RSA, s’apprête à faire passer son budget dédié à l’insertion de 14 à 16 millions en 2021, pour étoffer son dispositif d’accompagnement vers l’emploi (lire ci-contre).