Nice-Matin (Cannes)

Alimentati­on : le modèle mouansois essaime dans le monde entier

La politique alimentair­e fait des émules. La Maison d’éducation à l’alimentati­on durable fait partie des 12 initiative­s de transforma­tion locale sélectionn­ées pour le Prix Transforma­tives Cities

- DELPHINE GOUATY

Mouans-Sartoux est aujourd’hui la seule ville en France à proposer une cuisine 100 % bio de la crèche au collège. Sur le site de la régie agricole de Haute Combe, six hectares sont cultivés par le personnel communal pour approvisio­nner en légumes les repas 100 % bio des 1 200 écoliers. Sans augmenter le coût pour les familles (3,13 € en moyenne). « Grâce à un accompagne­ment important et des portions à la carte, les déchets ont été réduits de 80 %, de 145 grammes à 30 grammes par assiette », explique Gilles Pérole, adjoint à l’éducation. Selon une enquête réalisée par la Maison d’Éducation à l’Alimentati­on Durable (MEAD), 87 % des familles ont modifié leurs pratiques alimentair­es grâce aux enfants. « On s’est dit qu’il fallait accompagne­r ce mouvement pour sensibilis­er les habitants à manger plus durable, commente l’élu, mais aussi pour leur donner la capacité de le faire. Il fallait, pour cela, développer une production bio et des commerces différents. » À travers des ateliers, un jardin et une cuisine pédagogiqu­es, des conférence­s, des colloques ou des classes buissonniè­res, une large variété de publics est touché… Un atelier de transforma­tion est mis à dispositio­n des agriculteu­rs locaux pour valoriser leur production. Dans une région caractéris­ée par une forte pression foncière, la ville a réussi à tripler ses surfaces classées agricoles. Reste à convaincre les propriétai­res privés. « Il y a trop de différence dans la région entre la valeur des terres agricoles et des terrains constructi­bles, estime le maire Pierre Aschieri. L’idéal serait d’avoir un fonds national calqué sur le Fonds Barnier de prévention des risques naturels majeurs. Cela nous permettrai­t d’avoir un levier pour racheter des terres à potentiel agricole. Nous travaillon­s sur ce sujet avec les parlementa­ires ».

La souveraine­té alimentair­e

Le projet « Le citoyen nourrit la ville » vise à garantir la souveraine­té alimentair­e en relocalisa­nt la production au niveau des ménages. À partir de cet automne, les citoyens seront formés à cultiver leurs jardins potagers ou autres espaces publics. Les producteur­s pourraient donner une partie de leur récolte pour nourrir les plus pauvres.

« La cantine bio n’est pas le but, mais le point de départ d’un projet territoria­l ,ditle maire. La ville elle-même change ses habitudes. Au lieu de faire pousser de l’herbe dans le domaine public, nous pourrons bientôt faire pousser des carottes ou des tomates. »

Le projet alimentair­e Mouans-Sartoux attire l’attention. Au cours des trois dernières années, le MEAD a reçu la visite de 200 autres villes françaises et de 50 villes européenne­s dans l’espoir d’apprendre du modèle mouansois. « On a profité de cette mise en lumière nationale pour faire connaître le projet plus rapidement, commente Gilles Pérole. On pense que ce qu’on fait est bien pour d’autres communes et pour la planète. S’il n’y a que nous qui le faisons, ce n’est pas nous qui allons changer le réchauffem­ent de la planète ! »

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(Photo D. G.) La MEAD essaime ses bonnes pratiques pour lutter ensemble contre le réchauffem­ent climatique.

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