Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL La mauvaise passe

Coupable de deux approximat­ions au pied à Saint-Etienne, puis à Leverkusen, Walter Benitez vit un moment difficile. Mais le portier argentin a déjà démontré sa force mentale par le passé

- WILLIAM HUMBERSET

Les Niçois avaient pris l’habitude de le porter aux nues chaque week-end. Sa prolongati­on de contrat avait d’ailleurs été chaleureus­ement accueillie par les supporters l’été dernier. Logique quand on se souvient combien de points Walter Benitez a préservés en multiplian­t les parades aux quatre coins de la France. « C’est l’un des meilleurs gardiens de Ligue 1 », a répété Patrick Vieira à Leverkusen.

Un compliment peu anodin quand votre dernier rempart encaisse six buts en une seule soirée. Et d’autant plus quand il se sent fautif sur l’un d’entre eux, et notamment le troisième du Bayer, celui qui a ruiné toute chance des Aiglons de revenir dans la partie.

« Le choix de transmettr­e le ballon à Morgan (Schneiderl­in) n’est pas foncièreme­nt mauvais. C’est la qualité de passe, à mi-hauteur, qui met son coéquipier en danger alors qu’un adversaire arrive sur sa gauche. C’est ce que je lui ai montré sur les images après le match, analyse Nicolas Dehon, l’entraîneur des portiers niçois. Forcément, ça fait mal à la tête le soir du match et le lendemain. Mais il a la chance de rejouer vite, de se plonger déjà dans les vidéos sur Lille. Walter a déjà basculé sur le match d’après. » Une erreur, ça arrive de temps en temps. Le problème, c’est que Benitez avait déjà été coupable d’une faute de pied à Saint-Etienne, quatre jours plus tôt, ce qui avait également permis à l’adversaire de faire basculer la physionomi­e du match de son côté.

« S’il n’avait pas de force mentale, il aurait balancé tous les ballons »

« C’est une philosophi­e de repartir court depuis le gardien de but à l’OGC Nice. Obligatoir­ement, à certains moments arrivent des erreurs, justifie l’adjoint qui a remplacé Lionel Letizi en janvier dernier. Patrick (Vieira) lui a déjà dit que jouer ainsi pouvait apporter des inconvénie­nts mais qu’il prendrait la responsabi­lité s’il y avait des erreurs au pied. C’est ce qu’il fait. »

Mais comment éviter de plonger davantage quand la spirale est aussi négative ? Pour Nicolas Dehon, Benitez a déjà apporté une partie de la réponse en Allemagne. « Je prends toujours des stats sur mon calepin pendant les matchs. Jeudi, Walter a touché 27 ballons au pied. Il a relancé 18 fois sur une passe courte pour neuf longues. C’est un ratio jeu court-jeu long qu’on ne trouve pas beaucoup chez les gardiens de notre championna­t. Et s’il n’avait pas de force mentale, il aurait balancé chaque ballon en retrait après sa mauvaise expérience à Saint-Etienne. »

Costaud physiqueme­nt (91 kg pour 191 cm), l’Argentin a tour à tour convaincu Lucien Favre et Patrick Vieira d’en faire leur titulaire pour ses facultés psychologi­ques et son goût du travail.

« C’était difficile pour lui quand il est arrivé d’après ce que j’ai pu comprendre. Mais c’est un gardien très travailleu­r, très concentré, réfléchi et intelligen­t. Il a progressé au côté de Lionel et je suis convaincu qu’il va atteindre le haut niveau. Jouer contre Leverkusen, c’est justement ce haut niveau auquel il aspire. » Après avoir convaincu tous ses entraîneur­s et les observateu­rs du football français en quatre saisons dans l’Hexagone, le portier de 27 ans est resté sur la Côte d’Azur pour jouer l’Europe et nourrir une profonde conviction : séduire l’Amérique du Sud et surtout le sélectionn­eur argentin, Lionel Scaloni.

Et selon son coach spécifique, Walter Benitez sait mettre tous les atouts de son côté. «Ilest très demandeur, il a envie de progresser. Il regarde des vidéos de Neuer pour perfection­ner son jeu au pied. Je le compare à Kevin Trapp, il a la rigueur et la force tranquille d’un joueur allemand », admire Dehon. Il a du crédit au club par rapport à ses performanc­es. Quand il a resigné cet été, on a fixé l’objectif qu’il s’impose en tant que cadre, à la manière d’un Dante ou d’un Schneiderl­in. Il le fait, par la voix. »

Demain face à Lille, il faudra aussi qu’il joigne les actes pour ne pas se faire de “mauvais 100” (voir chiffre).

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(Photos AFP)
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« Patrick lui a dit qu’il prendrait la responsabi­lité s’il y avait des erreurs au pied. C’est ce qu’il fait, » assure Nicolas Dehon.

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