Nice-Matin (Cannes)

Il avait combattu l’Afrikakorp­s de Rommel

- P.-L. P.

Nice-Matin avait eu la chance de rencontrer Pierre Simonet. C’était chez lui à Toulon, le  juin , à l’occasion du e anniversai­re de la bataille de Bir Hakeim. Nous lui rendons hommage en republiant le récit – modeste – qu’il avait fait de ce haut fait d’armes.

Assez curieuseme­nt, le cinéma ne l’a pas mise en images. La bataille de Bir Hakeim est pourtant un fait d’armes glorieux pour les Forces françaises libres (FFL). « C’était la première fois depuis la déroute de juin 1940 que des soldats français en uniforme combattaie­nt l’armée allemande. Cette bataille a eu un grand retentisse­ment en France. Elle a redonné de l’espoir. Un maquis a même pris le nom de Bir Hakeim », confie Pierre Simonet.

Un déluge de feu

Des quelque 3 700 soldats constituan­t alors la 1re Brigade Française Libre (BFL), ce Toulonnais de 90 ans est l’un des derniers vétérans de la bataille de Bir Hakeim encore en vie aujourd’hui. Le 15 mai dernier, avec sept de ses frères d’armes, il a assisté, à l’école militaire à

Paris, à la projection en avant-première du film documentai­re de Timothy Miller retraçant ces quinze jours héroïques des FFL. « C’est un film formidable dans lequel on ressent la bataille, l’émotion de ceux qui y ont participé. Et pourtant, à aucun moment, on ne voit une arme à l’écran. » Observateu­r-artilleur dans la 1re BFL, le brigadier-chef Simonet, lui, en a vu des armes. Et de très près. Pendant la seconde semaine du siège de Bir Hakeim par l’armée allemande, les FFL subissent même un déluge de feu. « Des Dornier, mais surtout des Stuka, en tout 900 avions allemands nous ont bombardés pendant une semaine. Situés à 20 km plus au nord, les Anglais se sont même demandé : “Mais comment font-ils pour résister à toutes ces bombes qu’ils reçoivent ?” En fait, on avait eu le temps, dans les semaines précédant la bataille, de creuser des trous aussi bien pour nous que pour les canons et les camions. Si bien qu’une bombe de 50 kg explosant à trois mètres ne faisait aucun dégât », raconte, presque amusé, Pierre Simonet.

Les plans de Rommel contrariés

Une résistance aussi inattendue qu’héroïque, sans laquelle l’issue de la Seconde guerre mondiale aurait peutêtre été tout autre. Ressentant « une très grande fierté d’y avoir participé », Pierre

Simonet n’hésite pas à qualifier la bataille de Bir Hakeim de « succès stratégiqu­e décisif ». Et d’expliquer : «Si nous n’avions pas retenu les troupes allemandes pendant deux semaines, Rommel serait probableme­nt arrivé à El Alamein, en Égypte, avant que les Anglais n’aient le temps de se réorganise­r. Il n’aurait eu alors aucun mal à s’emparer du canal de Suez. »

Mais au bout de deux semaines, il eût été suicidaire pour les FFL, à court de munitions, de défendre plus longtemps ce carré de désert. Ayant reçu le feu vert des Anglais d’évacuer Bir Hakeim, les FFL, emmenées par le général Koenig, tentent une sortie le 11 juin. « Par une nuit sans lune », elles foncent là où les Allemands s’y attendent le moins : au sud-ouest. Mais malgré la surprise de l’ennemi, « on a perdu 800 bonhommes, faits prisonnier­s, pour beaucoup, lors de cette sortie ».

Protégé par un ange gardien surentraîn­é, Pierre Simonet ne sera jamais blessé pendant toute la durée de la guerre qui le vit participer à la campagne d’Italie, puis celle de France après un débarqueme­nt à Cavalaire le 16 août 1944.

Pas une égratignur­e, mais deux citations militaires et distinctio­n suprême : en décembre 1945, il est nommé comme compagnon de la Libération.

 ??  ?? Pierre Simonet chez lui à Toulon en juin . Il était alors âgé de  ans. (Photo archives Nice-Matin)
Pierre Simonet chez lui à Toulon en juin . Il était alors âgé de  ans. (Photo archives Nice-Matin)

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