Nice-Matin (Cannes)

Se mettre du côté des malades

- DOSSIER : AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

« Je n’ai jamais regretté d’avoir accepté le don d’organes. Je sais que pour certaines personnes, c’est difficile à concevoir. Mais à chaque fois je leur dis d’imaginer ce qu’ils ressentira­ient s’ils étaient du côté de ceux qui attendent un coeur, un foie, un poumon pour leur enfant. » Nicole insiste sur l’importance de parler de ce sujet. Avant d’y être confronté. « J’ai été touchée par le discours du prêtre qui a célébré l’enterremen­t de Jérôme. Il a évoqué le don d’organes en disant que grâce à tout cela, d’autres enfants allaient guérir. Ça m’a touchée. D’autant que j’ai reçu beaucoup de témoignage­s de soutien, de gens qui m’ont dit que j’avais eu raison et que s’ils étaient confrontés à la même situation, ils seraient d’accord. Je pense que dans un moment aussi dévastateu­r que le décès d’un proche, il faut penser aux autres, à ceux qui attendent un organe pour survivre. »

ce soit moins douloureux pour ceux qui restent. »

La Niçoise dit avoir parfaiteme­nt conscience de ce qu’il se passe dans la tête de quelqu’un à qui on vient d’annoncer que son enfant, son conjoint, son frère… vient de mourir. « À ce momentlà, on n’est pas en état de réfléchir. Alors autant l’avoir fait avant. Ce qui m’importe c’est que les gens comprennen­t bien que le corps est traité avec le plus grand respect… mais surtout qu’à l’autre bout de la chaîne, il y a des malades qui attendent un organe pour pouvoir continuer à vivre. C’est la seule chose dont il faut se souvenir ! »

Léa, la bien nommée

À l’époque, Nicole a su que cinq enfants avaient pu être soignés grâce à ce don d’organes. «Je suis contente pour eux. Parfois, on me demande si j’ai pris des nouvelles ou si j’ai l’impression que Jérôme vit à travers eux. Non, ce n’est pas le cas. Ils ont leur vie,

j’ai la mienne. Mon fils, c’est dans mon coeur qu’il continue à vivre. » En guise de conclusion, elle raconte une anecdote étonnante : après la disparitio­n de son enfant, elle est tombée enceinte. « Alors que je n’étais encore qu’au début de ma grossesse (et j’ignorais le sexe du bébé), j’ai entendu une nuit une petite voix qui me murmurait à l’oreille « Léa… Léa… ». C’était très étrange. Le lendemain, j’ai consulté le dictionnai­re des prénoms et je me suis rendu compte que Léa était une disciple de Saint-Jérôme ! Je l’ai pris comme un signe car, figurezvou­s, j’ai eu une fille, et c’est ainsi que nous avons décidé de la prénommer. Elle connaît l’histoire de Jérôme et en parle avec mon premier fils Nicolas. Lui-même a raconté à ses deux fillettes que son petit frère était décédé mais qu’il avait pu sauver d’autres enfants. »

Newspapers in French

Newspapers from France