Se mettre du côté des malades
« Je n’ai jamais regretté d’avoir accepté le don d’organes. Je sais que pour certaines personnes, c’est difficile à concevoir. Mais à chaque fois je leur dis d’imaginer ce qu’ils ressentiraient s’ils étaient du côté de ceux qui attendent un coeur, un foie, un poumon pour leur enfant. » Nicole insiste sur l’importance de parler de ce sujet. Avant d’y être confronté. « J’ai été touchée par le discours du prêtre qui a célébré l’enterrement de Jérôme. Il a évoqué le don d’organes en disant que grâce à tout cela, d’autres enfants allaient guérir. Ça m’a touchée. D’autant que j’ai reçu beaucoup de témoignages de soutien, de gens qui m’ont dit que j’avais eu raison et que s’ils étaient confrontés à la même situation, ils seraient d’accord. Je pense que dans un moment aussi dévastateur que le décès d’un proche, il faut penser aux autres, à ceux qui attendent un organe pour survivre. »
ce soit moins douloureux pour ceux qui restent. »
La Niçoise dit avoir parfaitement conscience de ce qu’il se passe dans la tête de quelqu’un à qui on vient d’annoncer que son enfant, son conjoint, son frère… vient de mourir. « À ce momentlà, on n’est pas en état de réfléchir. Alors autant l’avoir fait avant. Ce qui m’importe c’est que les gens comprennent bien que le corps est traité avec le plus grand respect… mais surtout qu’à l’autre bout de la chaîne, il y a des malades qui attendent un organe pour pouvoir continuer à vivre. C’est la seule chose dont il faut se souvenir ! »
Léa, la bien nommée
À l’époque, Nicole a su que cinq enfants avaient pu être soignés grâce à ce don d’organes. «Je suis contente pour eux. Parfois, on me demande si j’ai pris des nouvelles ou si j’ai l’impression que Jérôme vit à travers eux. Non, ce n’est pas le cas. Ils ont leur vie,
j’ai la mienne. Mon fils, c’est dans mon coeur qu’il continue à vivre. » En guise de conclusion, elle raconte une anecdote étonnante : après la disparition de son enfant, elle est tombée enceinte. « Alors que je n’étais encore qu’au début de ma grossesse (et j’ignorais le sexe du bébé), j’ai entendu une nuit une petite voix qui me murmurait à l’oreille « Léa… Léa… ». C’était très étrange. Le lendemain, j’ai consulté le dictionnaire des prénoms et je me suis rendu compte que Léa était une disciple de Saint-Jérôme ! Je l’ai pris comme un signe car, figurezvous, j’ai eu une fille, et c’est ainsi que nous avons décidé de la prénommer. Elle connaît l’histoire de Jérôme et en parle avec mon premier fils Nicolas. Lui-même a raconté à ses deux fillettes que son petit frère était décédé mais qu’il avait pu sauver d’autres enfants. »