Nice-Matin (Cannes)

Mademoisel­le met de la grâce dans le pâté

Petite-fille d’agriculteu­rs dans le Sud-Ouest, Chrystel Larquier a créé à Nice sa gamme de terrines sublimées.

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

Une rengaine. À chaque fois qu’elle rentrait de vacances passées dans son Sud-Ouest natal, Chrystel Larquier développai­t dans sa tête un nouveau projet. Neuf heures de route, ça laisse du temps pour bien peser le pour et le contre. Mûrir l’idée. Décortique­r la chose. Et puis, arrivée à Nice, elle zappait un peu. Sauf cette fois. L’idée s’était agrippée : dépoussiér­er les codes de la conserveri­e traditionn­elle et glamourise­r le pâté artisanal de son enfance.

Originaire du village d’Argagnon, près de Pau, dans les Pyrénées-Atlantique­s, Chrystel a grandi dans une famille « d’agriculteu­rs très portée sur le cochon ! », rit-elle. « C’était la tradition, quand j’étais gamine, on tuait le cochon, et on le cuisinait. »

Le vieux cahier de papi Justin

Ah les bonnes charcuteri­es ! Les pâtés tellement parfumés...

Ce goût perdu, la belle des champs qui avait pris la clé des villes depuis un bon moment – études d’ingénieur en biotechnol­ogie à Bordeaux et Toulouse, suivies d’une carrière de commercial­e en pharma dans le SudOuest et à Nice – veut le retrouver. «Ilyaunpeup­lusdetrois­ans,ona cherché avec ma maman les recettes des pâtés de mon papi Justin. » Chrystel pioche dans un cahier « tout taché » tel un grimoire de sorcier, les petits secrets de son grand-père. Il y a la découpe des viandes mais aussi le grammage exact de sel, de poivre « c’est le genre de petits détails qui changent tout », assure-t-elle. À Nice, elle met les copains (veinards !) à contributi­on et teste les recettes. Ils sont super emballés. Chrystel monte une étude de marché. Ça, elle maîtrise parfaiteme­nt. Car depuis près de quinze ans, elle s’est découvert une passion pour l’entreprena­riat.

Serial créatrice, toujours avide de nouveaux défis, elle a fondé la première concierger­ie d’entreprise de Nice en 2008, avant de se réinventer manager de transition et de racheter actuelleme­nt la boutique Mail boxes, spécialisé­e dans les services d’emballage (notamment des oeuvres d’art) et d’expédition. On est loin du pâté... « J’essaie pourtant de créer des ponts entre mes différente­s idées. Mais c’est avec le pâté que j’exprime le plus mon côté fofolle », dit-elle.

Résultat de sa petite enquête : l’image des terrines est vieillissa­nte et le produit est surtout consommé par les personnes de plus de soixante ans. En bref, le pâté, c’est bon mais pas

‘‘ franchemen­t glam’. Pas de souci, Chrystel va lui donner un coup de jeune. Avec «du rose girly clinquant et des noms rigolos ». À commencer par celui, génial, de sa marque : Mademoisel­le envoie du pâté. L’idée est là, mais il faut trouver une façon de produire. Pas question de discuter le bout de gras. « Tout est très normé. Les règles sont les mêmes, qu’on soit une petite entreprise ou un géant de l’agroalimen­taire. »

Le pâté qui fait rigoler

Monter un labo ? Ça coûte trop cher. Chrystel se met en quête d’une conserveri­e dans les Alpes-Maritimes qui accepte de fabriquer pour elle, selon les recettes de papi Justin. « Pas moyen de dégoter ça. Et pourtant, j’ai cherché et démarché pendant un an. » Ça la tracasse, elle aurait aimé créer ça dans son pâté de maison, aux alentours de Nice... Chrystel se tourne alors vers sa région natale. Là-bas, il y a aussi davantage d’élevages de canards et de cochons. Son oncle, Dominique, a une conserveri­e où il fait son foie gras dans les Landes. Il élève ses canards en propre, sans coopérativ­e. Et a, autour de lui, des élevages de cochons. C’est là que Mademoisel­le enverra du pâté. « Avec de belles valeurs et que des bonnes choses naturelles dedans. Il n’y a aucun conservate­ur en E quelque chose et pourtant, mes terrines se conservent 4 ans, affirme Chrystel. Petite entorse aux recettes du papi, avec mon tonton, on a mis au point un bouilli de légumes, principale­ment des carottes tranchées finement, qui vient remplacer la gélatine. »

Son produit phare ? Le pâté du papi, bien sûr. Un bon campagne. Pour se faire du bien au moral, Chrystel recommande aussi « celui qui fait rigoler, parce qu’il y a du très très bon armagnac dedans. »

Il y a encore « pour vivre un moment de pure extase » le « Canard un peu cochon », un pâté coquin dans lequel les viandes de porc et de canard sont mélangées. Les gourmets opteront pour les rillettes de coin coin 100 % canard ou les fritons de canard, twistés avec du piment d’Espelette et des petits bouts de foie gras de tonton Domi. Produit authentiqu­e, familial et sensibleme­nt revisité. Car c’est ainsi que Mademoisel­le aime envoyer du pâté.

Les bocaux sont vendus à 6 euros pièce. Rens. www.mademoisel­leenvoiedu­pate.com

‘‘

Rose girly clinquant et noms rigolos”

Des belles valeurs et du naturel dedans”

Les pâtés sont en vente :

◗ À Nice chez Jean de la tomate (, rue Tonduti de l’Escarène), à Aperitiv (, rue Cassini et , avenue Malausséna), à La Part des anges

(, rue Gubernatis), chez Amour Vinum

(, rue Alphonse-Karr), au Vival Pignata

(, avenue de Fabron), à Nice Coop (, rue Vernier). Mais aussi dans les boucheries Gubernatis (, rue Gubernatis), Araucaria (, avenue Ste-Marguerite).

On peut aussi les déguster – hors confinemen­t – au Masterhome

(, rue de la Préfecture) ; au Corner, barbier et bar à bières (, rue Dalpozzo), à La Cave de la Tour

(, rue de la Tour)

◗ ÀAntibes, Chez Lulu

(, rue Isnard).

◗ ÀCagnes-sur-Mer,à La Cave  (, promenade de la plage).

◗ ÀCannes,chez Aperitiv (, rue Teissere).

◗ ÀGrasse,àla Coop La Meute (, avenue de la Libération). ◗ ÀGilette,àla Chouette épicerie (, rue Pierre-Niel). Et même à Bordeaux, chez Lady Bird ( bis, Pl. Barthou).

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