Il invente une boîte portative pour traiter l’eau
Installé à Antibes, Philippe Labrune, à la tête de la SAS LADE, a conçu un système portatif qui permet de dépolluer un point d’eau. Un premier exemplaire a été offert au village de Saorge
Une idée toutes les deux minutes » : c’est un peu le slogan de Philippe Labrune. Cet ingénieur, passé par les mastodontes Colas et Veolia, a choisi voici plusieurs années de créer sa propre entreprise à Antibes pour être indépendant et pouvoir innover à son propre rythme. C’est au sein du bureau d’études et des ateliers de la zone industrielle des Trois-Moulins, où travaillent dix personnes, qu’est née l’une des fameuses idées de Philippe Labrune : la valise Ôsauv. Cette valise n’est pas faite pour voyager mais pour sauver des vies. Le système de filtration qu’elle contient, alimenté par une batterie, auquel s’ajoutent une pompe et un tuyau, permet de dépolluer n’importe quel point d’eau. «Le tout, valise comprise, pèse environ 25 kg. Elle est héliportable et peut être parachutée. » Mais c’est par la voie terrestre qu’un exemplaire a été acheminé tout récemment à Saorge. Par Philippe Labrune lui-même, originaire du célèbre village perché dans la vallée de la Roya. Même si le « village tibétain », comme on surnomme Saorge, a été moins touché que ses voisins, les accès sont toujours difficiles. Surtout, la commune a vu son alimentation en eau potable mise à mal. Depuis le 3 octobre, l’eau ne coule plus du robinet pour les 170 habitants, dont quinze enfants, qui doivent être régulièrement approvisionnés en packs d’eau minérale. D’où la valeur de cette valise Ôsauv accueillie avec reconnaissance et émotion par le maire Brigitte Bresc et ses adjoints, fin octobre.
Une belle histoire de solidarité puisque c’est le Kiwanis Club d’Antibes-Juan-les-Pins, présidé par François Devertu, qui est à l’origine du don. Les bénévoles ont financé 50 % de la valise d’une valeur de 4 500 euros hors taxes. Le reste a été offert par le dirigeant de la société à son village de coeur. L’installation va permettre de puiser dans l’une des trois sources de captage du village, celle dite du monastère et soulager ainsi la production des autres points de ressources. Ce sont ainsi environ 50 m3 qui peuvent être débités par jour. Attention, on parle ici d’eau sanitaire et non pas d’eau potable, c’est-à-dire répondant aux normes prescrites par l’Agence Régionale de Santé (ARS).
litres dépollués en une heure
Reste que cette valise permet de rendre de dépolluer, en une heure, 200 litres d’eau. Comment ça marche ? Pour résumer à l’extrême, l’eau collectée par la pompe passe par trois niveaux de traitement. Il s’agit d’abord d’enlever la turbidité en filtrant les impuretés supérieures à 25 microns par un filtre cyclonique. Puis, les odeurs et le goût désagréables sont, eux, éliminer grâce à un filtre à charbon actif. Enfin, un traitement par UltraViolet garantit la qualité bactériologique de l’eau, les rayons détruisant microbes, algues unicellulaires, levures, moisissures et autres champignons.
La batterie alimente l’ensemble. « Le temps de traitement de l’eau est de deux heures. Le temps de charge de la batterie est de quatre heures. La batterie peut fonctionner sur un véhicule soit sur des panneaux solaires » explique l’ingénieur.
Pour la petite histoire, les Saorgiens, lors de la première utilisation, ont légèrement faussé la machine. Philippe Labrune est remonté chercher la valise pour la réparer. Il remontera dès mardi au « village tibétain » avec la précieuse Ôsauv.