Nice-Matin (Cannes)

Les établissem­ents vont passer en mode «hybride»

Le nouveau protocole permet aux établissem­ents scolaires ne pouvant suivre les règles sanitaires de fonctionne­r en télé-enseigneme­nt partiel. Qui est concerné, selon quelles modalités ?

- VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

Salles trop petites », « distanciat­ion physique impossible à respecter », « promiscuit­é des élèves et des personnels dans les couloirs et à la cantine »... Hier matin, après un conseil pédagogiqu­e en urgence, profs et personnels du collège Frédéric-Mistral à Nice ont invoqué le droit de retrait face à la Covid-19. Avec cours annulés, élèves en permanence et demande expédiée au rectorat, de passer en mode « hybride ». Cet établissem­ent de NiceOuest n’est pas le seul à avoir bougé. L’inquiétude gagne d’autres collèges, dont René-Cassin à Tourrette-Levens. Ce matin, l’ensemble des organisati­ons syndicales appelle à la grève avec manif à 11 heures place Masséna à Nice (voir ci-dessous). En cause, l’acte II de ce protocole sanitaire jugé inapplicab­le pour contrer la 2e vague de l’épidémie. Que prévoit ce document qui s’applique aux établissem­ents, de l’école au lycée ? Quelles sont les nouveautés et les répercussi­ons pour les profs et élèves ?

Stop au brassage !

C’est l’un des points forts de ce protocole : limiter les allées et venues des élèves dans les établissem­ents, appliquer les gestes barrières, pour contrer les risques de contaminat­ion. À l’école, les enfants gardent leur classe, ont des entrées et sorties étalées et des récréation­s différenci­ées.

Le problème se pose surtout dans le secondaire. Au collège, dans la mesure du possible, les élèves restent dans leur classe et ce sont les profs qui se déplacent pour faire cours. Au lycée, c’est plus compliqué avec les enseigneme­nts de spécialité regroupant des élèves issus de classes différente­s. Bref, tout le monde se mélange.

● C’est quoi le mode « hybride » ?

Il s’agit d’une organisati­on mixant cours en présentiel, et cours à distance et elle est prévue par le protocole : « Si la situation sanitaire locale le justifie, ou si un établissem­ent au regard de sa taille et de son organisati­on n’est pas en mesure de respecter les règles » (...) «un enseigneme­nt à distance pourra être partiellem­ent à distance » avec l’accord du rectorat. Jeudi, le ministre Jean-Louis Blanquer expliquait que ce téléenseig­nement concerne avant tout les lycées en raison du brassage d’élèves.

Qui décide ?

Ce sont les équipes pédagogiqu­es en lien avec leur chef d’établissem­ent et le conseil d’administra­tion. « Chaque établissem­ent a la possibilit­é de s’organiser comme il l’entend à condition de prévoir au minimum 50 % de cours en présentiel », souligne-t-on à l’inspection académique des A.-M. Les projets sont ensuite envoyés au rectorat qui doit les valider. Une cellule de continuité pédagogiqu­e vient d’être créée. Sur les 89 lycées publics et privés sous contrat de l’académie, 7 projets (6 pour les A.-M., 1 dans le Var) ont été déposés pour l’instant.

● Et les lycées profession­nels ?

Ils peuvent passer en mode hybride. En revanche, «les TP en atelier seront maintenus pour que les élèves n’aient pas de rupture avec la pratique profession­nelle, annonce l’inspection académique. Nous y serons très attentifs. »

Et les collèges ?

A priori, ils seraient exclus du mode hybride. Toutefois, nombre de collèges dans les A.-M., ont demandé de passer de classes entières à un fonctionne­ment en demigroupe­s. Quid de ces demandes ? « La cellule du rectorat les étudie, affirme l’inspection académique. Toutes les situations d’établissem­ent sont regardées, notamment ceux à gros effectifs, même s’il n’existe aucun seuil plancher. »

● Pour quelle organisati­on « hybride » ?

Tous les modèles sont imaginable­s et c’est à chaque établissem­ent de le définir. Seule règle imposée : prévoir « a minima » la moitié des cours en présentiel. Au lycée Masséna à Nice (1 640 élèves), on pense libérer un jour par niveau de classe, par exemple le lundi les lycéens de seconde passeraien­t en mode télétravai­l. « L’intérêt est de diminuer le nombre d’élèves présents à la cantine où ils ne portent pas de masque », explique le proviseur. Autre modèle plus classique : les classes divisées en deux groupes, alternant à tour de rôle, cours en présentiel et à distance, et ce une semaine sur deux. Au menu du télétravai­l : classe virtuelle à suivre depuis son portable, exercices et devoirs à rendre...

● Quelles répercussi­ons pour le bac ?

Théoriquem­ent en 2021 se joue pour la première le nouveau bac. Avec pour les lycéens de terminale, quatre épreuves finales, dont un grand oral, qui sont, pour l’instant, maintenues. En revanche, sont supprimées, pour les élèves de 1re et de terminale, les E3C, épreuves communes de spécialité­s qui sont remplacées par le contrôle continu. En passant en mode d’hybride, les profs redoutent de ne pouvoir boucler à temps leur programme qui n’a pas été allégé. Ce qui, selon les syndicats enseignant­s, risque de poser un problème au niveau des sujets du bac 2021, si toutefois, il a bien lieu...

ATTESTATIO­N DE DÉPLACEMEN­T DÉROGATOIR­E

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Sur les  lycées publics et privés sous contrat de l’académie,  projets pour passer en mode «hybride» ont été déposés pour l’instant au rectorat. A Masséna, à Nice, on étudie la question... (Photo Eric Ottino)

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