Nice-Matin (Cannes)

Le legs du général de Gaulle

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Il avançait toujours avec une vision positive des choses à l’échelle de la nation et de l’Histoire.

Mais que retenir du déluge de publicatio­ns, de films et de documentai­res célébrant le cinquantiè­me anniversai­re de la disparitio­n du général de Gaulle le  novembre  ? Évidemment, c’est d’abord la figure du grand homme qui s’impose à travers cette commémorat­ion sans manifestat­ion officielle pour cause de pandémie. Ces portraits ou récits ont pour premier effet d’entretenir la nostalgie autour d’un homme devenu légende. « Tout le monde a été, est ou sera gaulliste », avait prophétisé André Malraux. Nous y sommes ! Sur tout l’échiquier politique, chacun s’arroge un bout de la croix de Lorraine. De Gaulle a tant et tant fait pour la France que son héritage est devenu un magasin d’accessoire­s. Voici le gaullisme réduit à l’état de kit pour ambitieux politiques.

Mais laissons, ‘’ce badinage’’ pour aller à l’essentiel. Un grand homme d’État, écrivit François Mauriac, c’est celui qui allie le sens du réel et le sens du

possible. De Gaulle conjuguait

ces deux immenses qualités. Il ne recherchai­t pas l’absolu, comme certains voudraient nous le faire croire, mais avançait toujours avec une vision positive des choses à l’échelle de la nation et de l’Histoire. Ainsi a-t-il démontré que l’homme peut toujours infléchir le cours des événements. Même lorsqu’il quitte le pouvoir en  sur un référendum qui ressemble à un suicide politique, il garde l’espoir pour le pays. Cet homme qui a affronté tant de crises nous a d’abord enseigné qu’il ne faut jamais plier devant elles. La leçon mérite d’être méditée dans cette période si difficile. De manière vulgaire, on pourrait dire que, pour le général de Gaulle, il y avait toujours un bout du tunnel. Au demeurant, il a offert à tous ses héritiers le moyen d’en trouver l’issue avec la Constituti­on de . Elle a certes été décriée mais aucun de ses détracteur­s n’a osé en modifier l’âme. L’Histoire nous montre que les grandes défaites commencent toujours par un effondreme­nt du système politique. Pétri d’Histoire, de Gaulle a donc veillé à nous offrir des institutio­ns solides. Elles ont bel et bien résisté à tous les coups de torchon depuis soixante-deux ans maintenant. Encore aujourd’hui, dans la tempête que nous traversons, elles sont notre meilleur atout car elles garantisse­nt la permanence du pouvoir. Certes, on peut les juger imparfaite­s mais c’est d’abord l’usage qu’en ont fait nos exécutifs successifs qui mérite la critique.

Notre loi fondamenta­le a garanti la continuité démocratiq­ue et républicai­ne du pays. Elle a contribué à conforter notre modèle et nous fait, comme l’écrit Pascal Bruckner, plus fort que nous le croyons. C’est bien cela le legs premier du

général de Gaulle : il nous a appris que la France peut toujours se relever.

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