Nice-Matin (Cannes)

« Je reviens de loin »

- WILLIAM HUMBERSET

A ans, il avait marqué  buts en  matchs avec Le Havre (-). Le Gym s’était alors offert le meilleur buteur de Ligue , mais ça ne s’est jamais passé comme prévu. La faute aux blessures à répétition, malédictio­n d’un joueur qui a douté, mais jamais perdu la foi. Transféré à l’AJ Auxerre l’an dernier, Mickaël Le Bihan domine le classement des buteurs cette saison. Une rédemption partagée tout sourire au téléphone, hier.

Un triplé, un doublé,  buts en  matchs, le meilleur buteur de L est de retour ?

Je reviens de loin.

J’ai beaucoup travaillé dans l’ombre pour revenir mentalemen­t et physiqueme­nt de ces - années de galère. Je suis récompensé cette saison. J’ai plus d’occasions, ça me donne confiance. Je passais des matchs avec zéro tir l’an passé, ça n’arrive plus. Samedi, je n’ai pas marqué mais j’ai au moins  belles tentatives (victoire - contre Amiens). Mais la place de meilleur buteur à la e journée, on s’en fout. C’est la e journée qui compte.

Les plus beaux ?

La reprise de volée dans le derby (- contre Troyes), un tel geste dans un match si important fait du bien. Celui contre Ajaccio n’est pas mal aussi : on me lance côté gauche, je dribble deux défenseurs et je frappe du droit après mon dernier crochet. Je marque beaucoup en une ou deux touches, c’est rare un slalom de ma part.

On découvre aussi une célébratio­n (il bouche ses oreilles avec ses doigts)...

(Il sourit) C’était encore difficile la saison passée. Quatre buts en  matchs, ce n’est pas ‘’dégueu’’ pour le peu de tirs que j’avais. Mais un attaquant qui descend de L doit marquer  buts. Ça râlait un peu, j’étais critiqué. J’aime bien Depay, d’ordinaire je ne reprends pas les célébratio­ns connues, mais je la trouvais représenta­tive : « Vous pouvez parler, je ne vous entends pas ». En plus, mon fils adore cette célébratio­n sur Fifa et il m’a demandé de la faire. Il pense du coup que c’est un clin d’oeil au jeu vidéo (rires).

Sixième, à  points du l’AJA joue la montée ?

e,

On a l’équipe pour, c’est l’objectif. On a de très bons talents individuel­s qui rendent le collectif très fort. Nous manquait une série pour gagner en confiance, c’est chose faite avec un troisième match sans défaite. Le groupe est soudé, c’est notre force. Mouiller le maillot pour les coéquipier­s, on sait faire.

Coach Jean-Marc Furlan ?

Un super coach, c’est en grande partie pour lui que je suis venu à Auxerre. Il est proche de ses joueurs, il sait dire ‘‘merde’’ quand il faut, encourager quand il faut. Il parle beaucoup aux joueurs offensifs, propose que du jeu à l’entraîneme­nt. Tu te lèves, tu sais que tu vas prendre du plaisir.

Des nouvelles de Gautier Lloris ?

Il était titulaire samedi (son e match) après quelques pépins. ‘‘Gogotte’’, on a connu la même situation avec les blessures. C’est d’ailleurs ce que j’ai dit à Furlan quand il m’a appelé pendant le confinemen­t.

« Ça, je m’en fous » , il m’a répondu. « Je vais le remettre sur pied, comme toi. ». Cette année, je n’ai pas raté un match. J’espère pareil pour ‘‘Gogotte’’, quand il enchaîne les matchs et gagne confiance, c’est un défenseur énorme.

C’est quoi le remède Furlan ?

On s’entraîne beaucoup, j’avais l’impression que c’était du surentraîn­ement à mon arrivée. Une séance lundi, deux grosses mardi, une spéciale finition le mercredi, encore une double jeudi plus axée sur le jeu, et vendredi un petit tournoi de six matchs de deux minutes. L’an dernier, j’étais mort physiqueme­nt sur certains matchs. J’ai un peu râlé au début... Cette saison je fais  bornes par match, chose que je n’avais jamais faite. J’avais un peu peur de ne jamais retrouver un certain niveau, d’avoir encore des blessures.

En un an, le staff de l’AJA m’a fait beaucoup de bien. Je ne suis pas encore à  % de mes sensations d’avant blessure, mais j’ai bien avancé.

Le niveau de la Ligue  ?

C’est une petite Ligue , dommage il y a très peu d’équipes qui jouent au ballon. La nôtre est joueuse, on se fait un peu avoir en contre face à des blocs bas. Ça joue à cinq derrière, c’est dommage pour le spectacle. Perso, il me fallait un coach comme Furlan. On joue au ballon, on ressort de derrière, on prend du plaisir quand on fait une première mi-temps comme celle de samedi.

Les résultats du Gym ?

Je les suis, bien sûr. J’ai vu la dernière demi-heure du derby. Je reste aussi en contact avec PLM, Cardi, Dante, qui m’avait d’ailleurs envoyé un message pour me féliciter de mes buts.

Sa blessure vous inquiète ?

Pour l’équipe et sur le long terme, oui. Sur le terrain, dans le vestiaire, il est important partout. Mais je ne suis pas inquiet pour lui. Il reviendra, sauf si lui décide du contraire. Non seulement je ne crois pas à une fin de carrière, mais à une fin de saison non plus. C’est un soldat.

Lees-Melou, vous saviez qu’il tirait les penalties ?

(rires) Je l’ai félicité par message. Direct, il m’a répondu « Je t’apprendrai. » (rires) (Le Bihan avait raté un penalty la veille lors du nul à Rodez). Il fait une bonne saison, c’est le capitaine après Dante, je suis content pour lui. Par le passé, il a reçu des critiques que je ne comprenais pas. Beaucoup regardent le foot, mais peu connaissen­t. Il ne fait pas des passements de jambes, mais toutes les équipes devraient avoir des mecs comme lui. Très peu de gars sont au-dessus de lui techniquem­ent, et il s’arrachera toujours. Dans l’ombre de Cyprien, Seri, il a toujours fait son travail. Lui manquait des stats, il les a depuis l’an passé. Son but dans le derby incarne son état d’esprit, d’autres n’auraient pas suivi l’action.

‘‘

Le but de Lees-Melou dans le derby incarne son état d’esprit. D’autres n’auraient pas suivi l’action ”

Un mot aux Niçois ?

J’ai eu une grosse pensée pour eux lors de l’attentat. D’autant plus en tant que Chrétien, ça touche. Je suis à pas mal de kilomètres mais je pense à eux. J’espère aussi que le Gym fera une bonne saison. Le recrutemen­t est intelligen­t, Schneiderl­in, Gouiri, c’est très fort. Je descends une fois par mois voir la famille dans le Var, on a déjà fait le voyage jusqu’à Nice avec ‘‘Gogotte’’. A deux, c’est plus sympa (sourire).

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