Nice-Matin (Cannes)

Promenades organisées pour les seniors

Pour combattre l’isolement et l’inactivité des personnes âgées isolées de la commune, le service du Cannet Temps Libre Seniors organise une marche individual­isée pour chacun

- RUDY KOSKAS

La Covid-19 oblige parfois à s’adapter, se renouveler et à faire preuve d’encore plus de solidarité. C’est le cas du côté du Cannet Temps Libre Seniors, qui vient de débuter une opération pour recréer du lien avec les personnes âgées de la commune.

« C’est une activité simple, facile à mettre en place, précise Eric Boizard, directeur du CTLS. On propose aux personnes âgées isolées de sortir de chez elles pour une marche ou quelques exercices physiques. C’est l’occasion de refaire le lien social pour des gens qui, parfois, ne sont pas sortis depuis mars dernier ! L’éducateur qui accompagne la personne est surtout à l’écoute et fait travailler en même temps la motricité fonctionne­lle. »

« Un premier confinemen­t catastroph­ique »

Il y a quelques jours, en fin de matinée, c’est Michèle, 75 ans, intimidée, mais toute pimpante malgré un bras en bandoulièr­e après une chute, qui va profiter de ce service de la mairie. Instantané­ment, la discussion est lancée avec l’agent municipal Cathy : « C’est le prénom d’une de mes filles ! », tout en marchant direction le square au coin de la rue, bras dessus bras dessous. « Le premier confinemen­t a été catastroph­ique pour moi. J’ai même perdu mes cheveux ! Aujourd’hui, c’est difficile aussi. Surtout avec les fêtes de Noël qui approchent lance l’ancien conseil en patrimoine, les larmes aux yeux. J’ai deux filles Cathy et Caro et quatre petits-enfants qui habitent à Paris. D’habitude, ils viennent toujours pour les vacances… » Femme hyperactiv­e durant sa vie profession­nelle, fan de marche et de rando, Michèle

a du mal à vivre son isolement dans son appartemen­t. Cette initiative de sortir, marcher, parler avec quelqu’un lui redonne du peps.

« Un nounours pour compagnie »

« Je suis tout le temps sur

mon ordi, j’ai toujours aimé ça. Je fais même mes courses sur Internet ! Je m’occupe, mais la solitude me pèse même si mes voisins sont formidable­s. On se parle à travers une fente dans la séparation de nos balcons ! Pour être moins seule, ma fille Cathy m’a offert un nounours d’un mètre de haut qui me tien compagnie. Je regarde les films de Noël à la télé avec lui… en mangeant du chocolat ! », glisse malicieuse­ment l’alerte septuagéna­ire. Parfois, elle a l’impression de vivre comme dans le film Un jour sans fin, la même journée qui se déroule jour après jour. «Je me demande parfois quel jour on est car on perd la notion du temps en restant toujours

chez soi. » Pudique, Michèle confie quand même qu’elle a très peur de la Covid et ne fera rien qui mette en péril la santé de sa famille, quitte à ne la revoir qu’en janvier ou février. « J’attends vivement que cela s’arrange et que l’on reprenne notre vie d’avant en étant moins égoïste, confie-telle assise sur le banc en montrant les photos de sa famille sur son téléphone à Cathy. Après quelques minutes, Michèle et Cathy reprennent le chemin de retour avec la promesse de se revoir la semaine prochaine. « Je vais passer une bonne journée de vous avoir vu. Ça m’a boosté ! »

Nous aussi Michèle.

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(Photos P. Lapoirie) Michèle et Cathy (éducatrice), complices en quelques minutes.

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