LES HYPERS AU BANC-TEST
Censés inaccessibles afin de limiter la concurrence avec les petits commerces, les rayons jouets ou textile ne sont pas vraiment hermétiques. Certaines enseignes ont trouvé la parade
La polémique sur le recours massif au chômage partiel dans la grande distribution n’est pas close qu’un nouveau débat agite déjà le secteur. Telle enseigne dont les résultats sont pourtant au beau fixe ferait supporter par l’État, donc par l’effort collectif, des milliers de postes devenus superflus, sous prétexte notamment de la fermeture des rayons non essentiels. Par superposition des tracas, s’y ajoutent, aujourd’hui, des réserves sur l’observation à géométrie très variable de règles censées amortir une distorsion de concurrence préjudiciable au petit commerce. L’impossibilité d’y vendre des livres, par exemple, puisque les libraires eux-mêmes sont contraints, dans le meilleur des cas, de recourir au click & collect. Autrement dit, au principe restrictif du retrait de commande. Pas de livres dans la grande distribution, et pas davantage de maquillage. Ou de textile. Ou encore d’électroménager ou de jouets.
Les jouets… À cinq semaines de Noël, cette disposition paraissait frappée au coin du bon sens, les indépendants comme les réseaux spécialisés étant réduits à l’inactivité, sauf à passer par un site de vente en ligne. À ceci près que, pour les géants de la distribution qui ont parfois sorti leur catalogue de Noël dès la fin du mois d’août, ce rendez-vous est majeur ; pas question de le négliger.
Derrière la rubalise
Dans bon nombre de supermarchés et hypers de la région, il est très facile de se procurer des articles malgré la rubalise. Au mépris, aussi, de l’intention affichée du Premier ministre Jean Castex d’éviter l’asphyxie des boutiques. Ici, un vendeur se charge, à l’entrée du rayon défendu, de collecter les requêtes et de récupérer les produits. Là, une guérite est prévue pour l’enregistrement express des commandes. Ailleurs, il suffit de remplir un bon à l’accueil pour se voir remettre, juste avant l’arrivée à la caisse, le pull, jeu de société ou téléviseur convoité. Ask & collect plutôt que click & collect, puisqu’il suffit de demander. Sans même passer par la case Internet. Rien probablement de vraiment illégal, même si la préfecture des Alpes-Maritimes, contactée, ne se prononce pas sur le sujet. Mais un petit arrangement avec des règles qu’il n’est pas bien difficile de contourner. Depuis le 3 novembre, chacun s’en accommode, marchands comme clients. À l’avant-veille de fêtes perturbées autour d’une fin d’année en coupe réglée, les nécessités du commerce font loi.