Restaurants fermés jusqu’en janvier ? « € de chiffre d’affaires perdu »
Si les informations publiées, hier, par Le Point sont exactes [lire ci-contre], elles accablent un peu plus les restaurateurs. « Sur trois mois de fermeture, lors du premier confinement, j’ai perdu 500 000 € de chiffre d’affaires, estime Daniel Alvarez, patron de la brasserie de l’Union à Nice. Si on cumule novembre, décembre et janvier, je serais à moins 900 000 € alors que, je fais 2 millions de chiffres d’affaires environ par an. »
Une hécatombe qui ne peut être compensée selon lui. « J’ai déjà bataillé six mois pour obtenir un PGE [prêt garanti par l’Etat, ndlr], la moitié de ce que j’avais demandé. C’est ce qui va me permettre de survivre cet hiver. Mais les banquiers ne veulent plus investir là-dedans. Et puis je ne peux pas m’endetter toute ma vie parce que nos dirigeants n’ont pas fait le job. Ça fait trente ans qu’ils cassent les hôpitaux et c’est nous qui en subissons les conséquences. » Idem pour les aides exceptionnelles accordées par l’Etat. « J’ai touché 1 500 € en juin. Et je pourrais peut-être obtenir 10 000 € supplémentaires avec le fonds de solidarité. »
« On veut juste travailler »
« Je n’ai pas de salaire ni droit au chômage, poursuit le patron. Mon assurance ne prend rien en charge, mais je dois payer un loyer de 6 000 € par mois et 25 000 € de frais fixes. De ma poche. » Et de souligner : « Quand vous avez un bail commercial, vous n’êtes censés payer un loyer que si vous pouvez jouir du fonds de commerce. On est fermés cinq mois et pourtant les bailleurs continuent à faire payer à 100 % les loyers. Vous trouvez ça normal, vous ? » Daniel Alvarez est sidéré. Et pessimiste : « La casse financière va être colossale. » Pour les patrons et les salariés. « J’ai 18 salariés en chômage partiel qui perdent entre 500 et 600 € chaque mois. Ce sont des parents, des gens normaux qui ont aussi des crédits à rembourser et qui ne savent pas s’ils vont pouvoir retravailler de sitôt. »
Et la vente de l’affaire ne pourrait pas le sauver. « J’ai essayé de vendre mon deuxième restaurant à Libération et le compromis a sauté parce que les banques ne veulent pas investir. Aujourd’hui, on est considérés comme une profession à risque. » Il conclut : « On ne demande pas la charité. On veut juste travailler. »