Un policier azuréen renseignait trop ses amis : il écope de deux ans de prison avec sursis
Le policier de la brigade administrative, censé contrôler, entre autres, les restaurants et les débits de boissons, avait de singulières méthodes. Il fut même un temps soupçonné d’avoir participé à une opération d’extorsion de fonds avant de bénéficier d’un non-lieu.
En revanche, la consultation de fichiers pour « rendre des services », notamment à ses frères d’une loge franc-maçonne de la GNLF, a donné lieu à une enquête qui, après dix ans d’atermoiement, vient d’aboutir à une condamnation.
Huit prévenus étaient renvoyés en correctionnelle. Jean-Michel P., 57 ans, le policier, révoqué dès 2016 par le ministère de l’Intérieur, a été condamné hier à deux ans de prison avec sursis et 2 000 € d’amende, peine conforme aux réquisitions du procureur Jean-Philippe Navarre. Il a été reconnu coupable de violations du secret de l’enquête et consultation de fichiers. Il renseignait trop facilement ses amis ou ses proches (négociant en matériaux, enquêteur de l’administration fiscale, policier à la retraite...) mais également ses amis restaurateurs chez lesquels il avait, semble-t-il, table ouverte. Il affirme pourtant n’avoir jamais tiré la moindre contrepartie des services rendus. Ce qui lui a évité des poursuites pour corruption.
Plainte en d’un Monégasque
Cette nébuleuse affaire est née d’une plainte d’un Monégasque qui remonte à… 2010 ! Celui-ci avait racheté 94 % des parts d’un restaurant indien du port de Nice, le « Raja ». Au départ du gérant, il s’aperçoit que les comptes sont dans le rouge. Des individus tentent alors d’impressionner le Monégasque pour mieux s’approprier le restaurant.
Le policier entre alors en scène sur le mode : « Attention, vous pourriez avoir des problèmes. » Il se porte également garant de la moralité de Georges D. Ce dernier n’a aucune activité au sein du Raja mais perçoit un salaire. Il est par ailleurs accusé par un restaurateur français installé à Orlando, de lui avoir escroqué de 500 000 $.
Un passif de euros
Sous pression, le Monégasque signe quelques chèques pour renflouer le restaurant pour finalement se retrouver avec une liquidation judiciaire et un passif de 570 000 €. Le Monégasque, dindon de la farce, perdra lui, 400 000 € dans ce naufrage. Jean-Philippe Navarre, dans ses réquisitions, ne mâche pas ses mots et n’hésite à critiquer le comportement de certains magistrats : « Cette procédure a été bizarrement faite parce qu’on a voulu la taire. Il a fallu une plainte avec constitution de partie civile parce que, manifestement, le parquet ne faisait pas diligence. »
Dans une note en 2012, une capitaine de police écrit que l’investisseur monégasque est « terrorisé d’être tombé entre les mains du milieu niçois ».
Pour sanctionner ces connivences malsaines, le procureur a requis jusqu’à quatre ans de prison contre Gérald D. Ce dernier, jamais entendu dans cette enquête, a finalement été relaxé. Il échappe à 50 000 € d’amende, à une interdiction de gérer et à un mandat d’arrêt.
Un autre policier, toujours en activité, écope de quatre mois avec sursis sans inscription de sa condamnation à son casier judiciaire. Sur une écoute, on l’entend prévenir Jean-Michel P. du contrôle d’un bar du Vieux-Nice où travaille le fils de ce dernier.
Les autres personnes qui ont bénéficié d’informations strictement confidentielles s’en tirent, selon les cas, avec une amende de 1500 à 3 000 €.