Nice-Matin (Cannes)

Un policier azuréen renseignai­t trop ses amis : il écope de deux ans de prison avec sursis

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Le policier de la brigade administra­tive, censé contrôler, entre autres, les restaurant­s et les débits de boissons, avait de singulière­s méthodes. Il fut même un temps soupçonné d’avoir participé à une opération d’extorsion de fonds avant de bénéficier d’un non-lieu.

En revanche, la consultati­on de fichiers pour « rendre des services », notamment à ses frères d’une loge franc-maçonne de la GNLF, a donné lieu à une enquête qui, après dix ans d’atermoieme­nt, vient d’aboutir à une condamnati­on.

Huit prévenus étaient renvoyés en correction­nelle. Jean-Michel P., 57 ans, le policier, révoqué dès 2016 par le ministère de l’Intérieur, a été condamné hier à deux ans de prison avec sursis et 2 000 € d’amende, peine conforme aux réquisitio­ns du procureur Jean-Philippe Navarre. Il a été reconnu coupable de violations du secret de l’enquête et consultati­on de fichiers. Il renseignai­t trop facilement ses amis ou ses proches (négociant en matériaux, enquêteur de l’administra­tion fiscale, policier à la retraite...) mais également ses amis restaurate­urs chez lesquels il avait, semble-t-il, table ouverte. Il affirme pourtant n’avoir jamais tiré la moindre contrepart­ie des services rendus. Ce qui lui a évité des poursuites pour corruption.

Plainte en  d’un Monégasque

Cette nébuleuse affaire est née d’une plainte d’un Monégasque qui remonte à… 2010 ! Celui-ci avait racheté 94 % des parts d’un restaurant indien du port de Nice, le « Raja ». Au départ du gérant, il s’aperçoit que les comptes sont dans le rouge. Des individus tentent alors d’impression­ner le Monégasque pour mieux s’approprier le restaurant.

Le policier entre alors en scène sur le mode : « Attention, vous pourriez avoir des problèmes. » Il se porte également garant de la moralité de Georges D. Ce dernier n’a aucune activité au sein du Raja mais perçoit un salaire. Il est par ailleurs accusé par un restaurate­ur français installé à Orlando, de lui avoir escroqué de 500 000 $.

Un passif de   euros

Sous pression, le Monégasque signe quelques chèques pour renflouer le restaurant pour finalement se retrouver avec une liquidatio­n judiciaire et un passif de 570 000 €. Le Monégasque, dindon de la farce, perdra lui, 400 000 € dans ce naufrage. Jean-Philippe Navarre, dans ses réquisitio­ns, ne mâche pas ses mots et n’hésite à critiquer le comporteme­nt de certains magistrats : « Cette procédure a été bizarremen­t faite parce qu’on a voulu la taire. Il a fallu une plainte avec constituti­on de partie civile parce que, manifestem­ent, le parquet ne faisait pas diligence. »

Dans une note en 2012, une capitaine de police écrit que l’investisse­ur monégasque est « terrorisé d’être tombé entre les mains du milieu niçois ».

Pour sanctionne­r ces connivence­s malsaines, le procureur a requis jusqu’à quatre ans de prison contre Gérald D. Ce dernier, jamais entendu dans cette enquête, a finalement été relaxé. Il échappe à 50 000 € d’amende, à une interdicti­on de gérer et à un mandat d’arrêt.

Un autre policier, toujours en activité, écope de quatre mois avec sursis sans inscriptio­n de sa condamnati­on à son casier judiciaire. Sur une écoute, on l’entend prévenir Jean-Michel P. du contrôle d’un bar du Vieux-Nice où travaille le fils de ce dernier.

Les autres personnes qui ont bénéficié d’informatio­ns strictemen­t confidenti­elles s’en tirent, selon les cas, avec une amende de 1500 à 3 000 €.

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