Mal-logement, fléau national et départemental
Après l’Île de France, les Alpes-Maritimes comptent le plus grand nombre de mal-logés en France. Zoom sur une tendance devenue un véritable fléau
Les Alpes-Maritimes, numéro 2 au palmarès des départements de France les plus touchés par le mal-logement. Ce constat des plus alarmants émane du 25e rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre. Mono-résidentialité, insuffisance de logements sociaux, loyers trop chers... Explications d’un si mauvais classement.
Le taux d’effort le plus élevé de France
La première cause viendrait d’un taux dont nous sommes également, mais surtout malheureusement, les champions de France : le taux d’effort. Cette fameuse part consacrée au logement est, tout simplement, chez nous, la plus élevée de l’Hexagone. Une énorme somme réservée à l’habitat qui s’explique dans un premier temps par un phénomène observé depuis quelques années sur le plan national : la montée en puissance de la monorésidentialité. Autrement dit, l’augmentation du nombre de foyers se composant... d’une seule personne.
C’est le cas d’un tiers (35 %) des ménages français. Cette solitude explique des revenus plus faibles et la recherche de logements plus petits. Lesquels sont bien moins nombreux sur le marché notamment dans le parc social et bien plus chers au mètre carré.
La moitié des demandes HLM
Si les T1 et T2 représentent, en effet, 55 % du parc locatif privé français ; ils ne constituent que 25 % du parc locatif social. Alors même que près de la moitié des demandes HLM (918 000) émanent de personnes seules. Et dans les Alpes-Maritimes, c’est encore pire, le nombre de logements sociaux toutes catégories confondues ne dépasse pas les 11 %. Seul un demandeur sur neuf obtient un HLM en un an. Et c’est sans parler des nombreux biens laissés vacants une grande partie de l’année pour cause de location saisonnière préférée par leurs propriétaires pour des questions de rentabilité. L’offre de petits logements à un prix abordable est donc encore bien insuffisante face à une demande en perpétuelle croissance.
Des loyers victimes de l’attractivité du département
Enfin, ce qui pèse le plus dans le taux d’effort des ménages azuréens reste bien entendu le loyer. Alors même si depuis la mise en place des Observatoires des Loyers, ils sont encadrés pour éviter les abus, leurs montants sont malgré tout victimes de l’attractivité du département et demeurent particulièrement élevés par rapport à la moyenne nationale. Un fossé entre les très pauvres et les très fortunés qui ne cesse de se creuser, un taux de pauvreté qui dépasse aujourd’hui celui du pays. Les conséquences du mal-logement pèsent lourd sur les Alpes-Maritimes. Un paradoxe pour un département présenté comme riche.