Nice-Matin (Cannes)

Sabine Weiss : le sacre d’une pionnière du e art

Exposée à l’internatio­nal et résidente à Grimaud, la dernière représenta­nte de la photograph­ie humaniste chère à Doisneau est sacrée à 96 ans pour l’ensemble de sa carrière

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Dernière figure tutélaire de la photo humaniste française de l’après-guerre incarnée par Doisneau, Cartier-Bresson, Brassaï ou Willy Ronis, Sabine Weiss vient d’être couronnée du Prix Women In Motion pour la photograph­ie 2020 remis par Kering et les Rencontres d’Arles pour l’ensemble de sa carrière. Un prix à tendance féministe, reçu par le passé au Festival de Cannes par Jane Fonda, Susan Sarandon, Isabelle Huppert ou Gong Li, pour le versant cinéma.

Pas qu’un métier d’homme

« Je vivais bien sans mais je vis encore bien mieux avec ! Je suis très heureuse de recevoir ce prix, pour moi mais aussi pour ma famille, ma fille, mes petits-enfants, même si je tiens à préciser que je ne suis pas une pasionaria féministe et n’ai jamais souffert d’être une femme dans mon métier », déclare à 96 ans celle qui continue de se jouer de sa légende de « photograph­e indépendan­te » prisée à l’internatio­nal qui aura consacré près de quatre-vingts années à son art. Une vie passée à voyager, objectifs en alerte, décloisonn­ant avec un égal enthousias­me reportages, portraits d’artistes, mode, publicité et travaux personnels qui lui vaudront une reconnaiss­ance

Représenté­e par six galeries en Europe et aux États-Unis, c’est pourtant bel et bien à Grimaud dans le Var, où elle possède une demeure depuis 1969, que s’établit chaque été cette grande dame du 8e art sur laquelle les années ne semblent pas avoir de prise et dont l’oeuvre rapproche les enfants et les vieillards dans une même fragilité. Les célébrités aussi.

Sagan mise en boîte

« J’ai photograph­ié toute sorte de personnali­tés, du pianiste Arthur Rubinstein qui exigeait qu’on le maquille avant chaque séance, à Françoise Sagan, qui me demandait de venir la photograph­ier à trois heures du matin, à la sortie des boîtes de nuit », se souvient-elle avec ses yeux malicieux.

Car oui, « il faut quelque chose dans le regard et dans l’âme pour faire ce métier », conclut l’artiste en guise de conseil bienveilla­nt aux nouvelles génération­s.

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(Photo DR/François Bouchon) Dans sa maison-atelier parisienne où elle n’en finit plus de redécouvri­r ses milliers de photos pour de prochains ouvrages ou exposition­s.
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Planche-contacts de Françoise Sagan chez elle à Paris en .
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Américaine dès 1953 à travers l’exposition Post-War European Photograph­y au MoMA new-yorkais. (Photos DR/Sabine Weiss) New York en  et à Paris, rue Edmond-Flamand, en .
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Enfants jouant à

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