Réserve sanitaire : le point sur les forces en présence
En cas de pic d’occupation des services de réanimation et des lits de médecine générale sur fond de Covid-19, les centres hospitaliers azuréens peuvent puiser dans la « réserve sanitaire »
Président de la Commission médicale d’établissement du CHU de Nice, le professeur Thierry Piche rappelle le principe et l’articulation de la réserve sanitaire. Cette communauté de professionnels de santé volontaires que l’état peut mobiliser en cas de besoins exceptionnels. On n’en est pas là, fort heureusement, mais il peut être réconfortant de savoir sur qui, en cas de nouveau pic, les Azuréens peuvent compter.
● Heures sup et congés
Trois niveaux réglementaires sont prévus. Il s’agit tout d’abord d’une action nationale reposant sur des indicateurs de suivi. Taux d’incidence et d’occupation des lits de réanimation, notamment. « Avec la difficulté particulière que dans cette crise, on connaît le début, pas la fin », souligne le Pr Piche. En fonction de ces indicateurs, des dispositions peuvent être envisagées, telles que la majoration des heures supplémentaires ou la répartition des congés.
● Déprogrammation
À ces mesures exceptionnelles s’ajoutent des consignes de déprogrammation. Ceci, pour réguler l’activité du public et du privé et réaffecter des personnels pour la prise en charge des patients
Covid. En privilégiant évidemment celles et ceux déjà formés à cette pathologie. Soit, en priorité, infectiologues et anesthésistesréanimateurs, comme cela s’est vu lors de la première vague.
● Formation expresse
Suit la mise en place de dispositifs permettant de former rapidement et d’obtenir des agréments accélérés, que ceux-là soient temporaires ou définitifs, pour des catégories bien précises, comme les aides-soignants.
● Coopération régionale
Au niveau régional, une gouvernance territoriale, pilotée par L’ARS (Agence régionale de santé), doit mettre en réseau l’ensemble des acteurs du système public et privé. En commençant par les dispositifs d’urgence : Samu, établissements de santé, secteur médico-social.
Tous les établissements capables de prendre en charge des patients
Covid en hospitalisation conventionnelle ont été identifiés. De même qu’ont été examinées les possibilités de transfert secondaire de patients.
● Étudiants
Concernant les étudiants en médecine, une gradation est prévue. Côté internes, tout doit se faire sous le pilotage de L’ARS, avec les doyens des facultés, pour privilégier des réaffectations dans des services de soins en tension. En préservant, autant que possible les jeunes internes et docteurs juniors, « sauf s’il n’est plus possible de faire autrement ».
Pour les étudiants en médecine de 1er et 2e cycles, le gouvernement prévoit plutôt des réaffectations en dernier recours, explique le Pr Piche. L’appui des étudiants médicaux peut être un levier, mais ce n’est pas celui qui est privilégié dans la gestion des moyens. Quoi qu’il en soit, les promotions représentent une centaine d’étudiants par an, sur six années de formation.
● La réserve sanitaire
Ce dispositif est complémentaire, dans l’hypothèse où les forces mobilisables seraient déjà épuisées. La réserve sanitaire est intervenue lors de la première vague épidémique. Sur le plan national, elle compte 40 000 inscrits, dont 7 800 médecins. Trois mille deux cents d’entre eux environ sont identifiés pour la crise Covid : généralistes, mais surtout réanimateurs et urgentistes.
● En conclusion
« Le CHU évolue vers un palier de déprogrammations importantes, limitant à 50 % l’activité de ses blocs opératoires », indique le Pr Piche. Ce qui permet le redéploiement des personnels en interne, la priorité devant être donnée au renforcement des effectifs en réanimation et à la continuité des soins. « Il faut se rappeler que l’on doit satisfaire à la double exigence de traiter Covid et hors Covid. Ce qui recouvre non seulement les soins urgents, mais aussi toutes les maladies chroniques, l’obstétrique, la santé mentale, l’accompagnement des personnes vulnérables, le handicap. En résumé, tous les soins habituellement donnés aux patients, hors activité Covid. » Toutes ces mesures sont donc exceptionnelles, le stade ultime étant le principe de réquisition des personnels s’il se révélait impossible de répondre à la demande correctement. Selon un dialogue qui se nouerait avec le préfet des Alpes-maritimes, en dernier recours.