Des soignants insultés par des parents stressés à Lenval
Un enfant malade, des consignes sanitaires qui limitent l’accès aux urgences ou les visites, des pères qui pètent les plombs, tensions, menaces… A Nice, la direction lance une campagne contre les incivilités
Dans le hall de Lenval, depuis quelques jours, des affiches un peu partout. Panneaux XXL. Dessus une photo de deux oiseaux qui se prennent le bec et un message : « Stop aux incivilités à l’hôpital, prenez soin de ceux qui prennent soin de vous et de vos familles ».
L’objectif : « Sensibiliser les familles et les patients (...) Le constat des incivilités est malheureusement trop fréquent », indique, dans un communiqué, la direction de l’hôpital pédiatrique de Nice (lire ci-dessous).
« Ces incivilités existent depuis longtemps mais elles ont été exacerbées depuis le premier confinement. L’exercice est rendu difficile par le double contexte de crise sanitaire et puis, dernièrement, par l’activation du niveau urgence attentat du plan Vigipirate », confirme Elodie Saldot, cadre de santé responsable de l’imagerie pédiatrique.
« Insultes dès h du matin »
« Les patients sont inquiets pour leurs enfants, pour leur santé… Parfois, simplement leur demander de porter le masque correctement ou de passer un test PCR déclenche un esclandre… »
Elle évoque « des menaces et des insultes dès 8 heures du matin, du jamais vu depuis 21 ans » qu’elle travaille à Lenval.
Un phénomène qui touche tous les services, consultations, hospitalisations, secrétaires médicales, mais qui se concentre surtout sur les urgences.
« Tous les jours, toutes les nuits, malgré la présence d’agents de sécurité, on est confrontés à de l’agressivité verbale, des insultes, des menaces, de parents stressés », témoigne Nadia Paravano, aide-soigante. Ce qui exacerbe les tensions ? «Laréglementation Covid qui impose qu’un seul parent puisse rentrer dans le service pour accompagner l’enfant malade. » Résultat : « Des pères tendus qui restent dehors, qui n’arrivent pas à avoir de nouvelles le portable ne captant pas aux urgences et qui, du coup, pètent les plombs. » Et tentent de forcer les portes, s’énervent, etc.
« Hôpital complotiste »
« Le 6 novembre, une puéricultrice a été insultée par un père qui traitait l’hôpital de complotiste : il affirmait qu’on l’empêchait de voir son enfant alors que la Covid est une invention d’état. Un autre jour, une collègue a été traitée de raciste. Un autre, face au “forcing” d’un frère et de la grand-mère d’un enfant malade, l’équipe a cédé et les a fait entrer… », liste-t-elle. « On a de l’empathie pour les gens. On essaie de leur expliquer. On fait la navette pour leur donner des nouvelles, transmettre un sac de vêtements une couche, mais pendant ce temps-là, on ne fait pas notre travail, on prend du retard, ce qui aggrave à nouveau les tensions, c’est sans fin… », souffle cette soignante encartée à FO. Syndicat qui a demandé au directeur général du CHU, Charles Guepratte, « un CHSCT extraordinaire » sur cette question.