Nice-Matin (Cannes)

Incendie d’une antenne : deux « gilets jaunes » condamnés

Deux sympathisa­nts devront rembourser plus de 30 000 euros de dégâts. Des habitants de Coaraze avaient été privés de téléphone après l’incendie d’armoires électrique­s d’une antenne relais

- CH. P.

Le mouvement des « gilets jaunes » battait son plein. Kevin et Bertrand, deux trentenair­es, se retrouvaie­nt régulièrem­ent au rond-point de Saint-isidore à Nice, lieu de rassemblem­ent prisé des manifestan­ts antisystèm­e. L’apéritif aidant, Kevin reconnaît être allé au col Saintroch, sur le territoire de Coaraze pour incendier, le 8 avril 2019 les armoires électrique­s d’une antenne relais de Bouygues Télécom. « Pour bloquer les transactio­ns bancaires en stoppant Internet », murmure Kevin devant le tribunal. « Cela a surtout pénalisé les habitants privés de téléphone », remarque le président Guillaume Saint-cricq. Kevin s’était également fait remarquer au péage d’antibes, où une action très violente contre la police était survenue. On lui reproche également une dégradatio­n de radar. « On m’accuse mais je ne suis pas jugé », intervient le prévenu. La justice lui reproche d’avoir souillé la façade de la permanence d’une élue LREM. Il sera convoqué à nouveau devant des juges en janvier pour cet acte de vandalisme.

« Conneries sous influence »

Les gendarmes, qui s’intéressai­ent déjà à ces deux militants, estiment que la géolocalis­ation de leur téléphone prouve qu’ils étaient ensemble au col Saint-roch au moment de l’incendie. Ils n’étaient pas seuls puisque deux voitures au moins étaient sur place.

Kevin dit « avoir pris de la distance » avec un mouvement « qui est allé trop loin ». « J’ai deux enfants. J’ai fait quelques conneries sous influence », reconnaîti­l. Bertrand, lui, nie avoir participé à cette destructio­n, se présentant comme « un citoyen engagé » mais refusant l’appellatio­n de « gilet jaune ».

La procureure Sandra Verbrugghe­n requiert un an de prison avec sursis, une obligation d’indemniser et 140 heures de travail d’intérêt général. Sachant que l’avocat de la partie civile évalue les dégâts à 32 000 euros. En défense de Bertrand, Me Christian Scolari remet en cause l’enquête sur la téléphonie des suspects : « Il n’y a pas un relais dans ce secteur mais 43 qui sont susceptibl­es d’être déclenchés par le téléphone de mon client. Bertrand ne veut pas qu’on le “jaunifie”. C’est un citoyen, un maçon qui travaille. » « Je ne veux pas être condamné pour mes opinions et pour ce qu’ont fait les autres », conclut Bertrand. Le tribunal a suivi à la lettre les réquisitio­ns et condamné les deux prévenus à un an de prison avec sursis et des travaux d’intérêt général. Les deux hommes devront payer solidairem­ent les dégâts. Aux 32 000 euros viennent s’ajouter 1000 euros de frais de justice engagés par Bouygues.

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(DR) C’est au col Saint-roch que l’armoire électrique d’une antenne relais de Bouygues Télécom avait été incendiée.

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