« Sécurité globale » : première adoption à l’assemblée Évacuation de migrants : deux enquêtes visent des policiers
Plombée par des polémiques, honnie par ses opposants, la proposition de loi sécurité globale qui prévoit de pénaliser la diffusion malveillante de l’image des policiers, a reçu hier un large feu vert de l’assemblée nationale, avant son examen au Sénat.
Dans un hémicycle quasi-plein, les députés ont adopté en première lecture le texte présenté par LREM et son allié Agir par voix pour, contre et abstentions. Chez les « marcheurs », le niveau de contestation est important mais loin des records : LREM se sont abstenus et ont voté contre, au lendemain de l’évacuation controversée d’un campement de migrants dans le centre de Paris. Le Sénat, qui doit examiner la proposition de loi concoctée par Jean-michel Fauvergue et Alice Thourot mais mise en musique par la place Beauvau, attend déjà ce texte controversé de pied ferme avec l’intention de le « corriger », selon le LR Philippe Bas.
Les députés LR, qui ont quasi tous voté la proposition de loi, considèrent encore la mesure « mal écrite, mal ficelée ». Partagé entre protection des forces de l’ordre et craintes pour les libertés publiques, le Modem avait fait part de ses réticences, avant de majoritairement se ranger aux garanties du gouvernement.
La gauche, au diapason de personnalités de la société civile et des milliers d’opposants ayant manifesté samedi dans toute la France, continue de réclamer le retrait d’un texte jugé « liberticide ».
Même Bruxelles a fait les gros yeux. La Commission européenne a rappelé lundi que les journalistes devaient pouvoir « faire leur travail librement et en toute sécurité ». La proposition de loi a été percutée par les images de policiers brutalisant des exilés et un journaliste, lundi soir lors de l’évacuation d’un campement de migrants dans le coeur de Paris (lire par ailleurs), apportant de l’eau au moulin des opposants et semant le doute chez des « marcheurs ».
Le parquet de Paris a annoncé, hier, avoir ouvert deux enquêtes relatives à des faits de « violences » dont sont soupçonnés des policiers sur un migrant et sur un journaliste lors de l’évacuation, lundi, d’un campement de migrants dans la capitale. L’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été chargée d’enquêter sur ces faits, révélés dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, qui se sont produits lundi soir en marge de l’opération menée par les forces de l’ordre sur la place de la République.
Croche-patte d’un policier
La première enquête concerne des faits qui se sont produits dans le quartier Beaubourg à Paris : un homme vêtu de blanc, encerclé par un groupe de policiers, parvient à s’enfuir avant de chuter lourdement lorsqu’un policier en uniforme tend sa jambe sur son passage. Il se relève rapidement pour repartir en courant.
La seconde enquête concerne des faits visibles dans une vidéo diffusée sur Twitter par le journaliste Nicolas Mayart (Le Média), qui montre un policier maintenant au sol Rémy Buisine, journaliste-phare du média en ligne « Brut », en brandissant sa matraque.
Un journaliste de “Brut” molesté
Selon le journaliste de Brut, qui a commenté ces images sur Twitter, c’est la « troisième fois » que le « même policier » s’en prenait à lui dans «lasoirée ».
Brut a assuré, hier sur Twitter, que son journaliste avait été « molesté à plusieurs reprises ». « Ça a dérapé totalement », a estimé mardi matin Rémy Buisine sur Europe 1.
Castex va saisir le Conseil constitutionnel
Gérald Darmanin a annoncé, hier, avoir demandé à L’IGPN (la « police des polices ») de remettre «sous48heures» les conclusions de son enquête administrative sur les violences constatées lors de cette évacuation.
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé, hier, qu’il saisirait lui-même le Conseil constitutionnel à propos de l’article controversé de la loi « sécurité globale » qui vise à pénaliser la diffusion malveillante de l’image des policiers, tout en défendant un « excellent texte ».