La campagne des Restos du coeur est lancée
L’appel lancé par Coluche il y a trente ans est toujours d’actualité, ce qui est absolument dramatique. La situation de la précarité en France n’a pas disparu », a déclaré Patrice Blanc, le président de l’association, hier lors du lancement de la campagne au centre d’asnières-sur-seine (Hauts-de-seine). Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran ont visité en fin de matinée ce centre de la banlieue parisienne, qui s’apprête à accueillir 300 familles cet hiver soit 20 % de plus que l’année dernière.
« On dépassera le million de personnes »
Pour l’heure, l’association chiffre la hausse des inscriptions au niveau national à 10 %, les situations étant « variables selon les départements » avec une explosion de la demande en Seine-saint-denis (+45%) et à Paris (30 %), selon Patrice Blanc.
L’année dernière, les Restos du coeur ont accueilli 875 000 personnes et distribué 136,5 millions de repas. « Je pense que cette année, on dépassera le million de personnes », estime Patrice Blanc.
Nés d’une idée de Coluche en 1985, les Restos du coeur accueillent chaque année les personnes démunies pour leur campagne d’hiver.
De nouveaux bénéficiaires
En fonction de leurs ressources et de la composition de leur famille, elles se voient attribuer des points qui leur donnent droit à des denrées alimentaires.
La crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales ont amené des nouveaux bénéficiaires.
« Depuis le confinement, on a vu venir les gens qui n’ont plus rien parce qu’ils ont perdu leurs petits boulots », décrit Josiane Le Blond, responsable du centre d’asnières-sur-seine qui a accueilli 1 500 familles l’année dernière et enregistré cette année 400 nouvelles inscriptions.
« La crise financière de 2008 s’était traduite par une augmentation en deux ans de 25 % de personnes en plus ayant recours à l’aide alimentaire. Nous devons nous préparer à la montée d’une vague d’une ampleur au moins équivalente », alerte le président de l’association. « Dans l’immédiat, on a besoin du don des particuliers et des entreprises et de bénévoles », a déclaré Patrice Blanc. Pour les Restos du coeur, « l’enjeu majeur de cette 36e campagne est de continuer à faire face. Dans l’urgence mais aussi sur le long terme ».
Suivant l’exemple de Paris et de Lille, les quatre métropoles de Bordeaux, Lyon, Grenoble et Montpellier ainsi que « plusieurs intercommunalités de région parisienne » se sont « portées candidates » pour encadrer les loyers, annonce la ministre déléguée au logement, Emmanuelle Wargon, dans une interview accordée, hier, au quotidien Les Echos.
« Marseille et Strasbourg, qui avaient indiqué leur intention de le faire, y ont renoncé et je le regrette » ,asignalé la ministre, au lendemain de la date limite de candidature pour les villes volontaires à ce dispositif programmé jusqu’en 2023.
Encadrer, rime avec construire
La ministre prévient que ce dispositif ne va pas régler à lui seul le problème du logement : « Les communes qui voudront encadrer leurs loyers devront aussi être volontaires dans la construction de logements. » Pointant ainsi du doigt les villes « dont les maires sont souvent écologistes » comme « Bordeaux, Annecy » ,où « les permis de construire ont du mal à sortir », Emmanuelle Wargon estime que l’encadrement des loyers « ne peut pas être l’alibi d’une construction de logements en berne ».
Elle signale aussi qu’un décret, examiné par le conseil national d’évaluation des normes, va permettre à l’avenir « d’effectuer des travaux sur les bâtiments existants sans avoir à demander de permis de construire ». « En dessous d’un certain seuil de mètres carrés, une déclaration préalable suffira, à la condition qu’elle soit faite par un architecte » précise la ministre.
« Ce décret dispensera aussi d’autorisation de construire certains bâtiments temporaires comme ceux destinés à l’hébergement d’urgence », a-t-elle ajouté.