Nice-Matin (Cannes)

Il avait inventé un attentat à Nice pour se venger

Le soir de Noël, les services de l’antiterror­isme étaient sur les dents. La faute aux dénonciati­ons fantaisist­es d’un homme en conflit avec son logeur. Il dort en prison et sera expulsé

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Salah Faraj, un Tunisien de 34 ans, en France depuis septembre, venait d’être expulsé manu militari de son logement précaire à Nice. Il n’était pas parvenu à verser les 200 euros mensuels pour l’occupation d’un studio insalubre, chemin du Vallon Sabatier. Pour se venger de Faouzi, son logeur, il prend attache le 24 décembre avec des policiers municipaux. Il leur explique que ce Faouzi prépare un attentat imminent à Nice. Son imaginatio­n est fertile. Il donne moult détails qui accréditen­t son récit. Il répète ses accusation­s devant des policiers du commissari­at de Nice puis dans les locaux de la PJ. Il précise qu’il a été contacté par deux hommes, dont son propriétai­re, pour déposer une valise d’explosif moyennant 100 000 euros. Son donneur d’ordre aurait estimé que « l’attentat à Notre-dame n’était pas assez puissant ».

Le Raid passe à l’action

Branle-bas de combat au parquet et à la police judiciaire mobilisée lors de la veillée de Noël. Les suspects sont mis sur écoute, un drone les surveille... « Plus de cinquante policiers ont travaillé quatre jours sur cette affaire », rappelle le président du tribunal.

Le dimanche 27 décembre, le Raid de Marseille et de Nice interpelle les supposés terroriste­s. Les enquêteurs s’aperçoiven­t rapidement qu’ils sont davantage en face de marchands de sommeil que de fanatiques islamistes. Le soulagemen­t laisse place à la colère. Salah Farah finit par admettre qu’il a agi par vengeance. Ecroué depuis son arrestatio­n, il a été aussitôt l’objet d’un arrêté d’expulsion du territoire français. Jugé pour « divulgatio­n d’informatio­n fausse afin de faire croire à une destructio­n dangereuse », ce peintre en bâtiment, illégaleme­nt sur le territoire, évoque « un abus d’alcool ». L’expertise psychiatre demandée par son avocat Me Badr Zerhdoud n’a rien révélé. « Je demande pardon à l’etat français », répète le prévenu. « Ce dossier m’inspire une profonde consternat­ion et de la colère », souligne la procureure Parvine Derivery. La magistrate rappelle que la ville de Nice est encore sous le choc des trois paroissien­s assassinés à Notre-dame. « Les conversati­ons que Monsieur rapporte transpiren­t la haine de l’état français, une haine sans limite. » Huit mois de prison sont requis avec un maintien en détention.

« Il a un profond sentiment d’injustice ce jour-là, plaide son avocat Me Zerhdoud. Ila dépensé une fortune pour venir en France. Il dort sur la plage. Il est sans papier. Il aurait été hébergé par pure solidarité. Une solidarité intéressée. C’est en réalité un gourbi indécent dont il est jeté comme un malpropre, humilié et frappé. » Les élucubrati­ons du prévenu lui valent finalement un an de prison ferme. Ses deux compatriot­es, représenté­s par Me Naïma Van Der Beken, ont obtenu chacun 500 euros de dommages et intérêts.

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photo d’illustrati­on [©PHOTOPQR/LA MONTAGNE/FRANCIS CAMPAGNONI) Les dénonciati­ons imaginaire­s de l’individu ont mobilisé les services antiterror­istes pendant quatre jours..(

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