Nice-Matin (Cannes)

Nice : il porte plainte pour « violences policières »

Ce père de famille niçois affirme avoir subi une clé d’étrangleme­nt, avoir été jeté à terre puis menotté « sans raison ». DGS d’une commune azuréenne, il a saisi le procureur de Nice

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E «n quelques secondes, j’ai cru me retrouver dans un mauvais film de série B »... Jean-david(1), DGS - directeur général des services – d’une commune azuréenne –, n’en revient toujours pas. Mercredi, vers 15 heures, cet homme de 39 ans, agent de l’état depuis plus de 10 ans s’est, dit-il, « retrouvé projeté au sol par un policier national, après une clé d’étrangleme­nt ». Ila ensuite été menotté, relevé de terre puis plaqué sur une voiture. La scène s’est déroulée devant sa maison située sur une colline niçoise. Une « péripétie » dont Jeandavid garde quelques stigmates, constatés par un médecin légiste : d’importante­s marques sur les poignets, des égratignur­es sur la joue. Et une forte douleur à l’épaule. Mais ce père de famille assure surtout être « choqué » de ce qu’il a subi. « Je ne comprends toujours pas »...

Jean-david affirme avoir hésité. Mais, il a finalement décidé de porter plainte, hier, auprès du procureur de la République de Nice « pour violences par personne dépositair­e de l’autorité publique ». Que s’est-il passé ?

« J’ai voulu lire l’ordonnance judiciaire »

« Ma voisine est venue me chercher chez moi pour me dire qu’un huissier accompagné de quatre policiers était là pour passer par chez nous afin d’aller sur un autre terrain, enclavé et mis aux enchères », explique ce père de famille qui décide de sortir en laissant « pour quelques minutes », pensait-il, ses trois enfants seuls à la maison. «Ilsont3,6et9ans», précise le DGS. « Je suis allé vers l’huissier afin de savoir pourquoi il voulait passer chez nous pour aller sur une parcelle contiguë au numéro 39, alors que nous habitons au 41 et qu’il n’y a pas de passage pour aller au 39 par le 41 », poursuit-il. «Il avait en sa possession une ordonnance judiciaire lui donnant l’autorisati­on de passer par chez nous », constate alors Jean-david.

« J’ai voulu lire l’ordonnance, l’huissier me l’a tendue, puis reprise et j’ai essayé de lui reprendre », raconte le père de famille. « Et c’est là que le policier s’est jeté sur moi, m’a attrapé au cou, jeté par terre et mis les menottes », jure-t-il. « Lorsque je lui ai dit que les menottes me serraient trop, il les a serrées encore plus fort. »

La fin de la scène filmée

À partir de là, la voisine a filmé la scène. On y voit Jean-david, menotté, collé contre un mur et tenu par un policier. Inquiet pour ses enfants, il ne cesse de répéter : « Mes enfants sont tout seuls ! J’ai mes trois enfants seuls à la maison, laissez-moi aller voir mes enfants. » Et le policier de lui répondre: « On va les placer en foyer. » Jean-david raconte encore : «Le policier m’a dit : “vous avez levé la main sur l’huissier”.» «C’est totalement faux, s’énerve-t-il, je n’ai pas levé la main sur lui, j’ai seulement voulu reprendre le document pour le comprendre. »

Sur la vidéo, on l’attend alors demandez à l’huissier « est-ce que j’ai levé la main sur vous ? »... Aucune réponse.

Au bout d’une demi-heure, les policiers finissent par lui enlever les menottes et le laisser rentrer chez lui. Son fils de 9 ans avait fait le goûter aux deux autres... mais sa fille de trois ans s’est tapé la tête en tombant : « Elle pleurait au moment où j’ai pu enfin les retrouver dans la maison. »

« Disproport­ionné »

Contacté, l’huissier, a fait valoir son droit de réserve et n’a pas souhaité réagir, ni témoigner.

Une source proche du dossier assure de son côté : « Ce monsieur a fait un geste de la main en la levant. Il était virulent, les policiers lui ont demandé de se calmer et ensuite ils l’ont interpellé, c’est là qu’il a demandé à la voisine de filmer. » Un geste pour frapper l’huissier ? « Difficile de l’affirmer », avoue cette source.

Jean-david, de son côté, souffle : « Je travaille tous les jours avec la police, les gendarmes, j’ai le plus grand respect pour leur travail. » Et de marteler encore et encore : « Je n’ai pas levé la main sur cet huissier. Je n’ai jamais levé la main sur personne de toute ma vie. »

« Il n’y avait ni légitimité, ni proportion­nalité, ni nécessité de lui passer les menottes et de lui asséner de telles violences », conclut son avocate, Maître Marie Lambert.

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(Photos DR) Jean-david assure « avoir du mal à bouger son épaule et avoir des douleurs aux poignets ».
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