Nice-Matin (Cannes)

Rancho et Pancho

- de PHILIPPE CAMPS Journalist­e edito@nicematin.fr

Emmanuel Macron parle aux vieux et drague les jeunes. Il n’est ni l’un, ni l’autre. Il a  ans. À son âge, on peut tout se permettre. Sa dernière lubie : les youtubeurs. Un mot qui n’existait pas avant les années . Aujourd’hui, c’est même devenu un métier. On se pince. Le président passe par ces intermédia­ires . pour toucher la jeunesse du pays. C’est bien joué.

Mieux : son défi lancé à Mcfly et Carlito a fait un carton. Le duo s’est empressé de le relever. Leur vidéo incitant au respect des gestes barrières a dépassé la barre des dix millions de vues en  heures. Le coup de com parfait. Du gagnant-gagnant. L’élysée va leur dérouler le tapis rouge. C’est le contrat. Le président est bon pour un concours d’anecdotes avec un gage à la clé. Ça risque d’être gratiné. Peut-être devra-t-il chanter leur tube

‘‘J’ai roté dans mon masque’’ . On a hâte. Vous ne connaissie­z pas Mcfly et Carlito ? Moi non plus. Ça me manquait. J’ai cherché sur la toile. Ce ne sont pas des perdreaux de l’année. Ils ont  balais. Dire que j’ai raté leur clip ‘‘On est tous du sperme’’. Classe. Mais pas faux. Message : on est tous égaux. Une chanson engagée pour s’opposer à Marine Le Pen. J’aurais préféré du Ferrat. Reviens Jean, ils sont devenus fous ! Peut-être les effets du poulet aux hormones. Mcfly et Carlito, eux, mangent à la table. C’est copieux. Ils reçoivent

Gad Elmaleh, David Guetta, Guillaume Canet, Patrick Bruel et même Will Smith.

Ils ont leur chaîne perso et comptent six millions d’abonnés. Ça en jette.

Moi qui pensais que Mcfly et Carlito étaient les cousins éloignés de Rancho et Pancho, les deux grenouille­s atroces qui sévissaien­t à la télé aux débuts des années soixante-dix. Désolé.

Paraît qu’il faut vivre avec son temps. Foutaises.

Je déteste cette expression.

Macron, lui, ne peut pas se permettre d’être hors jeu.

Il lui faut visiter les crèches avec une tétine à la bouche et les Ephad en poussant un déambulate­ur. Bientôt, on le verra jouer aux billes avec les sixièmes et fumer des joints avec les premières années de droit. Les campagnes présidenti­elles commencent dans les cours de récréation et se terminent sur le net. Les temps changent.

À ce rythme, ‘‘Manu’’ peut faire cinq mandats. Il quittera son poste en . Il aura  ans. D’ici-là, les influenceu­rs auront fait leur entrée au gouverneme­nt et la presse papier sera un souvenir. Au secours !

« Macron jouera aux billes avec les sixièmes et fumera des joints avec les étudiants »

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