Nice-Matin (Cannes)

Faivre : « Je reste le même »

Une semaine après avoir remporté deux titres mondiaux, l’isolien retrouve le circuit des Coupes du monde - deux géants en Bulgarie ce week-end - avec « la même motivation ».

- ROMAIN LARONCHE

Mathieu Faivre n’a guère eu le temps de profiter de ses deux titres mondiaux (en parallèle et en géant), obtenus la semaine dernière à Cortina d’ampezzo. A peine rentré chez lui en Savoie, le seul Tricolore titré en Italie a dû refaire ses bagages. Le licencié du CS d’isola 2000 est reparti dès le mercredi en direction de Zurich, afin de rallier jeudi Bansko, en Bulgarie, où sont programmée­s deux Coupes du monde ce week-end. Malgré cet emploi du temps bien chargé et les sollicitat­ions bien plus nombreuses, l’azuréen est revenu sur cette semaine folle. Pour lui, pas question de lever le pied avant la fin de saison.

Avez-vous réalisé que vous êtes double champion du monde ? Qu’avez-vous fait ensuite ?

Oui, je suis rentré chez moi le samedi (le lendemain de son deuxième titre) et le dimanche je suis allé prendre l’air avec des copains, on a fait une randonnée en montagne. Je suis extrêmemen­t fier d’avoir ramené ces deux médailles d’or à la maison, mais c’est du passé. La saison n’est pas terminée et je suis déjà reparti au travail.

N’avez-vous pas l’impression de passer de la Ligue des champions à la L1 en retrouvant la Coupe du monde ?

Pas du tout. Que ça soit les JO ou les mondiaux, ce sont des parenthèse­s dans notre calendrier. Mais notre circuit principal, c’est celui de la Coupe du monde. Je retrouve les mêmes concurrent­s et il y a de belles choses à aller chercher.

Votre motivation reste la même ?

Bien sûr. Ok, il y a eu plus de sollicitat­ions médiatique­s, mais je reste concentré sur les courses. De toute façon, mon entraîneur et mon préparateu­r physique m’ont immédiatem­ent programmé des séances où j’ai bien dérouillé. Et ça m’allait parfaiteme­nt. J’avais envie de retourner tout de suite au boulot.

Vous fêterez ces titres une fois la saison terminée ?

Quand notre circuit principal sera terminé, je serai plus libéré, on pourra les fêter. Mais cela va dépendre aussi des circonstan­ces sanitaires. Ça ne sera pas aussi simple à organiser que les autres saisons. En tout cas, je penserai moins à la bulle sanitaire, au fait de ne pas être contaminé pour ne pas être impacté pour la suite de la saison.

Avec ces deux titres, on va

attendre plus de vous.

Des podiums, des victoires... Vous, les médias, oui. Après, ce serait mentir de dire que je vais garder le même statut qu’avant. Mais on arrive sur une nouvelle piste, de nouvelles conditions, les paramètres changent et les compteurs sont donc remis à zéro. C’est la loi du sport de haut niveau. Je suis fier du ski produit à Cortina et j’espère le refaire sur cette fin de saison de Coupes du monde. Mais affirmer que je serai sur tous les podiums, c’est impossible. Et puis, il y a des géantistes qui ont été déçus des mondiaux et auront à coeur de faire de belles choses ici.

Il y a peu de risque que ces deux titres vous fassent perdre les pédales. Vous gardez les pieds sur terre ?

Ce n’est pas à moi d’en juger, mais l’humilité est une valeur importante. Ma carrière a pris un tournant la semaine dernière. J’ai deux titres mondiaux, c’est écrit et personne ne pourra me les enlever. J’ai gagné en notoriété, mais je reste la même personne. J’ai très bien travaillé, mais je n’ai sauvé personne. Je me suis fait plaisir sur la piste, j’ai vécu un bonheur incroyable et tant mieux si ces titres ont eu un impact. Si j’ai pu offrir du bonheur à certains.

Avez-vous eu des retours marquants des Alpes-maritimes ?

Oui, plein. Tous ceux qui m’ont accompagné : mes entraîneur­s, ma famille, mes proches. Ceux qui m’ont permis d’en être là aujourd’hui. J’ai reçu énormément de messages, de mails. Jamais je ne les remerciera­i assez pour cette bienveilla­nce.

Devenir le premier champion du monde azuréen, c’est encore plus fort ?

C’est une façon de montrer que le ski existe toujours. Actuelleme­nt, l’économie du ski est frappée de plein fouet par la crise. Mon père est hôtelier à Isola  et la vit au quotidien. Nous (les skieurs profession­nels) avons la chance de pouvoir continuer à pratiquer notre sport. Alors je sais que ces titres ont été comme une bouffée d’air frais pour les montagnard­s des Alpes-maritimes et j’en suis très honoré.

Qu’est-ce qu’il y a de plus fort qu’un titre mondial ?

Si je vis d’autres grandes choses, je pourrai comparer. Effectivem­ent, il n’y a pas forcément plus intense qu’un titre mondial, mais chaque palier de ma carrière a été incroyable. Ça a été le cas quand je suis devenu champion du monde Juniors, quand j’ai remporté ma Coupe du monde à Val d’isère.

Ces journées-là sont gravées. Dans ces moments, toute notre implicatio­n aux entraîneme­nts, nos frustratio­ns prennent sens. C’est une délivrance incroyable.

J’ai très bien travaillé, mais je n’ai sauvé personne. Je me suis fait plaisir sur la piste, j’ai vécu un bonheur incroyable et tant mieux si ces titres ont eu un impact. ”

 ?? (Photo AFP) ?? Huit jours après son titre mondial en géant, Mathieu Faivre retrouve la Coupe du monde, aujourd’hui à Bansko en Bulgarie.
(Photo AFP) Huit jours après son titre mondial en géant, Mathieu Faivre retrouve la Coupe du monde, aujourd’hui à Bansko en Bulgarie.

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