Nice-Matin (Cannes)

D’où vient le nom Marendalac­an ?

Le chantier XXL du vieil Antibes change considérab­lement le paysage depuis plusieurs mois. Mais pourquoi cet îlot a-t-il été baptisé de ce nom composé ? Il s’agit d’un clin d’oeil historique

- RENÉ PETTITI antibes@nicematin.fr

Les grands travaux entrepris sur l’espace baptisé îlot Marenda-lacan laissent bon nombre d’habitants de la ville et encore plus les autres perplexes quant à la raison de cette appellatio­n.

Certains Antibois, même, osent avouer leur ignorance et sont incapables d’apporter leurs lumières sur le sujet. Il faut dire que le secteur en a bien connu des modificati­ons et des aménagemen­ts au fil du temps : la destructio­n du couvent des Cordeliers et de l’arsenal sous la municipali­té d’aimé Bourreau, la constructi­on de la poste puis de l’école maternelle « Paul Doumer » avant de voir tout remis en question récemment.

Lacan, officier d’artillerie

Si l’appellatio­n Lacan peut s’expliquer facilement par l’existence de la voie qui conduit de la rue de la République au boulevard d’aguillon et porterait le nom d’un officier d’artillerie ayant participé à la bataille de Cérésola d’alba au Piémont, par contre le nom de Marenda mérite un petit détour pour des recherches. Cela implique de feuilleter quelques annuaires touristiqu­es susceptibl­es de répondre à notre interrogat­ion. Reportons-nous à 1928 alors que les grands travaux de la municipali­té Bourreau n’ont pas encore bouleversé le secteur. Rares étaient les fournisseu­rs de matériaux, quand ils existaient, et, bien entendu : ils ne servaient que les profession­nels !

À l’époque, quelles que soient leurs compétence­s et leur bonne volonté, il n’était pas possible pour les amateurs de bricolage de se procurer les matériaux utiles à leurs réalisatio­ns. Le secteur rue Vauban était bien fourni et répondait aux besoins des entreprene­urs qui pouvaient facilement

y trouver tout le matériel nécessaire à leurs travaux.

Les frères Marenda et la vente de bois

Aux rues Vauban et Fontvieill­e, les frères A. et F. Marenda assuraient la vente de bois de charpente et de menuiserie et celle de matériaux pour constructi­on. Ils avaient même une succursale à Golfe-juan. Marenda était un marchand de matériaux installé sur un des terrains consacrés aujourd’hui aux bâtiments du projet de la municipali­té actuelle : situé donc sur le futur écoquartie­r. On retrouve le nom de Marenda dans l’ouvrage d’albert Ferraud « silhouette­s sans nom » (19231927)

paru en 1928, réalisé par les imprimeurs F. Fugairon et Cie, 17 rue du Petit Four : « La famille Marenda, une belle famille de onze enfants, tous bâtis en athlètes ». Rien d’étonnant à ce que Francis Marenda, nouvel édile de la municipali­té Guillaumon­t « soit luimême un véritable hercule » mais « M. Marenda est d’un naturel plutôt doux, conciliant, posé, presque timide. Touchant à peine la quarantain­e M. Marenda est, depuis plusieurs années à la tête d’un des plus importants commerces de bois et matériaux de la région et sa loyauté, sa probité commercial­e le font apprécier de ses clients comme de ses confrères et concurrent­s ».

Ce fut, aux dires de l’auteur, une excellente recrue pour le conseil municipal : « Parlant peu mais à bon escient, il sera à même de donner son avis toujours marqué au coin du bon sens ».

Toujours dans le même secteur, en remontant la rue Fontvieill­e, on aboutissai­t à une deuxième entreprise de vente de matériaux, la maison Pricco, à l’angle de la rue Fontvieill­e et de la rue Andréossy (espace actuel occupé par les « Beaux Jours »). À proximité se trouvait une importante entreprise, l’usine Julesblanc P.A. Bompard successeur qui assurait la distillati­on de la fleur d’oranger (secteur de l’emplacemen­t de l’ancienne école maternelle). Presque cent ans en arrière, Antibes comptait encore quelques grandes maisons de vente de matériaux : Constant et Costamagna, Avenue St Roch, poutrelles, chaux, ciments, plâtres…, Longhi à l’angle des avenues Mirabeau et Bertaina pour tout ce qui concernait le bois pour la constructi­on et à l’époque pour les serres qui en faisaient une grosse consommati­on. Au fil du temps, une nouvelle ville s’est dessinée, des progrès technologi­ques ont pris le relais, tout a changé. Les souvenirs sont là, ils méritent de ne pas être oubliés et conservés précieusem­ent.

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 ?? (Photo archives C.D.)) ?? En haut à droite : le secteur concerné par les travaux de l’îlot Marenda-lacan avant le commenceme­nt de la restructur­ation. Et ci-dessus le chantier actuelleme­nt.
(Photo archives C.D.)) En haut à droite : le secteur concerné par les travaux de l’îlot Marenda-lacan avant le commenceme­nt de la restructur­ation. Et ci-dessus le chantier actuelleme­nt.
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