Nice-Matin (Cannes)

Cette oeuvre d’art qui rouille volontaire­ment à Antibes

Installées sur le toit terrasse du musée d’archéologi­e de la cité des Remparts, ces poutrelles enchevêtré­es par Bernard Pagès étonnent... Le but même d’une création !

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

De là, l’une des plus belles vues d’antibes s’offre à chacun. Si le musée d’archéologi­e niché dans l’ancien bastion Saint-andré est toujours clos, crise sanitaire oblige, l’accès à son toit terrasse, lui, est autorisé. Par temps clair, la beauté du panorama fait l’unanimité, depuis ces remparts rehaussés. On n’en dira pas autant de la sculpture installée sur la terrasse, juste au-dessus du parvis du musée. Ces poutrelles métallique­s enchevêtré­es font songer à une créature étrange. Ou alors une de ces machines de guerre conçues par Léonard de Vinci. Ceux qui prennent le temps de la contempler sont dubitatifs. « C’est quoi ces barres de fer rouillées »?

« Qu’est-ce que ça fait là »?

e site de la Promenade des arts

Curiosité, étonnement, voire rejet… Un bon point, déjà, pour cette oeuvre d’art : elle interpelle ! Bousculer, c’est bien ce qui motive (en partie) Bernard Pagès, l’auteur de la sculpture, comme le précise une plaque apposée sur le parapet voisin. Cette oeuvre est émouvante : c’est l’hommage rendu, en 2013, au peintre et graveur Pierre Soulages, célèbre pour son « noir-lumière ». Une sculpture inspirée du travail de l’artiste à partir de brou de noix.

En 2014, le musée Picasso d’antibes a consacré une exposition à Bernard Pagès, et l’année suivante, la Ville lui a proposé d’installer sa sculpture hommage, via un dépôt, sur les remparts. Elle est venue compléter le Nomade de Jaume Plensa, au port Vauban et le Miro sur la montée Dor de la Souchère, formant ainsi la Promenade des arts, toujours en cours d’enrichisse­ment. Les poutrelles ont été récupérées par l’artiste sur des chantiers. Elles sont déformées. Il les a coupées et assemblées. Depuis, l’oeuvre vit sa vie au gré du temps. En s’oxydant. En rouillant. En étonnant. C’est un peu la petite soeur de la grande « Colonne à la mer » que Bernard Pagès, toujours lui, a installée sur les remparts, au pied du musée Picasso. C’était en 2018. La quatrième oeuvre désormais sur la Promenade des arts. Et la dernière ? « Non, assure Jeanlouis Andral, directeur des musées. Elle est vouée à être complétée. Peut-être sur la Courtine…» En attendant, il est conseillé en ces temps contraints de se promener dans les arts. Au grand air. Et, avec un masque.

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(Photo M.-C.A) Cette sculpture de Bernard Pagès est un hommage à Pierre Soulages.

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