Au bon souvenir de Pancho Abardonado
L’ancien Aiglon (2002 - décembre 2007) était sur le banc marseillais lors de la victoire du Gym contre L’OM, samedi (3-0). De quoi raviver quelques anecdotes
Il était déjà venu à l’allianz en 2016. C’était aussi pour un Niceom, un soir où Virginie Rossetti (directrice de la communication) et son équipe avaient mis Jacques Abardonado à l’honneur en lui remettant le tout premier Trophée des Anciens Aiglons. Pancho avait le sourire. Samedi, il l’a perdu. Le Marseillais a toujours de la tendresse pour le Gym, où il portait le numéro 13. Mais désormais il bosse pour L’OM. Promu adjoint de Jorge Sampaoli après avoir oeuvré au centre de formation olympien, Pancho fait la traduction et le lien entre le coach argentin et ses joueurs. Une nouvelle voie pour un homme qui jouait déjà les guides il y a bientôt vingt ans.
Gernot Rohr :
« La voix de la sagesse et du combat »
« Pancho, c’était à la fois la voix de la sagesse et celle du combat, se souvient Gernot Rohr, le coach du retour en Ligue 1 (2002-03). C’était le joueur exemplaire au niveau de l’engagement, pas seulement physique mais aussi mental. Toujours positif, il encourageait les jeunes et savait garder les pieds sur terre quand ça tournait un peu trop bien. »
Le stade du Ray s’enflammait, lui, au gré des exploits de cette bande de potes que certains, comme le président messin Molinari, ne voulaient pas voir en D1. « On était un peu des miraculés quand le comité olympique nous a donné gain de cause, poursuit Gernot. On est né dans la douleur, le sacrifice. On a senti tout un élan solidaire niçois derrière nous, régional même. On s’entraînait avec de vieux ballons, d’anciens maillots, c’était de l’amateurisme presque. Mais on a montré qu’on existait avec des gars prêtés, revanchards comme Pancho. »
Battus d’entrée par Le Havre (1-2), les coéquipiers d’abardonado enchaînent 15 matchs sans défaite à domicile derrière. « Le public était incroyable, atteste José Cobos. Il n’y avait pas que nous sur le terrain, on sentait quelque chose de plus. Et l’adversaire le ressentait dès l’échauffement. »
« Pancho correspondait à ce que je voulais dans ma défense à trois avec Cobos et Pamarot. Il avait un jeu de tête extraordinaire grâce à son sens du timing et sa volonté permanente de gagner les duels. »
Le champion de France en titre en fait l’expérience, début novembre, lorsque le Gym, surprenant 3e, débarque à Gerland. Kaba Diawara ouvre le score mais Sonny Anderson et Christophe Delmotte rétablissent l’ordre à l’heure de jeu. Avant que Pancho ne sème le KO dans les arrêts de jeu, d’un coup de tête rageur (2-2). « On sait pourtant tous que ce n’était pas un buteur, rigole encore Cobos. Quand on est défenseur, on monte sur les coups de pied arrêtés en se disant que c’est la dernière minute, qu’on ne veut pas perdre, parce qu’on se sent capable de marquer aussi. Mais ça n’arrive qu’à ceux qui le méritent, par rapport aux efforts et l’envie. Et Pancho, il le méritait. »
La guitare et les soirées à Saint-martin
La grinta n’a pas de secret pour un homme issu de la communauté des gens du voyage. La musique non plus à écouter Gernot Rohr. « A la guitare, la batterie, Pancho nous a fait plusieurs fois démonstration de son talent lors de soirées de détente à Saint-martin Vésubie. C’était un gars très convivial, il avait tout ce qu’il fallait pour fédérer un groupe. » « C’est une grande famille de musiciens, le frère de Pancho a joué avec Kendji, admire Cobos, capitaine de cette épopée inoubliable pour beaucoup de supporters. Quand on se retrouvait dans cette auberge, on passait toujours de grands moments de partage. On chantait, buvait quelques bières, on se chambrait, on rigolait beaucoup. C’était vraiment une ambiance familiale. J’ai eu la chance de terminer ma carrière aux anges avec ce groupe. On n’a pas eu de titre, mais on a eu la reconnaissance des supporters. »
Et ça, pour Pancho comme les autres, ça n’a pas de prix.