Aymeric Gibet : « On fait le dos rond, comme tout le monde »
« Nous sommes prêts, comme le bateau. Mais...» Le commandant Aymeric Gibet, capitaine du Belem depuis le 8 mai 2016, ne cache pas sa frustration. Ni celle de « tout l’équipage » ,qui pensait accueillir, ces jours-ci, les visiteurs au port Canto.
La pandémie, persistante, en a donc décidé autrement. « On comprend la situation, mais l’on s’était donné les moyens, de recevoir le public, dans le respect des mesures sanitaires, assure celui dont l’histoire d’amour avec le trois-mâts dure depuis 2004, quand il avait embarqué dans le port de Marseille. On avait repris du monde à bord et, d’un coup, tout s’arrête...» Compréhensif, collectif – «onfaitle dos rond, comme tout le monde, ceux dont l’outil de travail est en attente. C’est la même inquiétude, la même peine que les pros de la restauration, par exemple » – mais ébranlé, quand même...
« Sincèrement, ça commence àfairelong»
« Une bonne partie de l’équipage va devoir débarquer et va se retrouver au chômage partiel. C’est difficile pour les matelots. » Comme l’attente de retrouver la mer et d’éviter une seconde année blanche. « Nous n’avons pas eu de stagiaire en navigation et, donc, toutes les voiles déployées, depuis octobre 2019. On a un peu navigué avec le convoyage de Saint-nazaire à Cannes en septembre dernier mais, sincèrement, ça commence à faire long. »
En attente des jours meilleurs, Aymeric Gibet a une pensée pour les deux membres d’équipage qui, d’ici-là, vont rester à bord, « en confinement. » « C’est assez ubuesque, quand on sait que, d’habitude, nous avons 1 200 personnes qui naviguent chaque année et, parfois, plus de 2000 visiteurs par jour...» Le Belem, une fourmilière en sommeil.