Monaco : le rêvese rapproche
La Roca Team mène 1-0 face à Kazan avant le match retour vendredi. Le combat est énorme.
Il restait une poignée de secondes, Monaco menait 89-87. Jordan Theodore, ce meneur américain naturalisé macédonien de 31 ans, qui avait fait si mal à la Roca Team en demi-finale de la C3 en 2017 à Tenerife, a tenté l’égalisation sur le lay-up…
L’ombre de Mathias Lessort planait sur lui. Theodore a essayé d’éviter le contre, en déséquilibre, le ballon a dessiné sa courbe mais n’est jamais rentré.
C’était fini, Monaco mène 1-0 dans cette finale et la Roca Team a dû une nouvelle fois puiser dans ses ressources pour mater un ogre russe badigeonné à la sauce américaine, avec 7 joueurs nés aux USA sur le parquet hier soir, et non des moindres, comme John Brown, l’énergizer en chef (10 points), Isaiah Canaan, le meneur au shoot d’expert (12 points), John Holland l’ailier intenable (14 pts) et ce diable de Theodore (15 pts).
Que ce fut dur. Une fois encore, au courage et avec ce mental qui force le respect, les hommes de coach Z ont renversé une situation compromise. Menée de 10 points dans le 3e quarttemps (45-55), après un départ pourtant très favorable (11-2), la Roca Team a paru tanguer, mise en difficulté par les coups de griffe du géant russe Artem Klimenko (22 points), parfois trop libre de mouvement dans la peinture, et qui a battu son record de points en carrière.
C’est alors que le capitaine, Dee Bost, est rentré dans le combat, pour de bon, signant une bombe à 3-pts, de celle qui relance une escouade dans le dur.
Le lutin magicien, Rob Gray, qui a avoué ensuite ne pas s’être senti dans un soir d’adresse, a pourtant réussi à sortir le grand jeu, transformant des paniers tel un funambule sur un fil. Monaco a repris la mène (61-59), et cette finale, pas flamboyante avant la pause, a alors atteint les sommets. Dans le mano à mano qui s’est enclenché, le taulier Marcos Knight a pesé de tout son poids. Kazan a encore sévi (76-78), le moment choisi par JJ O’brien pour sortir avec le sang-froid épatant qui le caractérise, un T3 en or.
Une fin épique
Avec son accent américain, Kazan est rentré dans le money-time la tête haute. A 79-82, Dee Bost a rentré un panier sur une jambe…. A 81-84 pour les Russes, et 1’40’’ à jouer, Monaco a arraché un ballon vital et Rob Gray, divin pointeur, a égalisé à 3-pts (84-84). En temps normal, dire que la salle aurait chaviré relève du parfait euphémisme. Klimenko n’a rajouté qu’un lancer sur deux. Mathias Lessort, lui, a rentré les deux (86-85, 1’05’’ à jouer). Il est des matches où il faut surtout raconter la fin. Celle-ci a été épique, une nouvelle fois, comme si cette aventure européenne de la Roca Team se chargeait à chaque fois d’inventer des scénarios plus fous les uns que les autres. Jordan Theodore, en vieux flibustier, a vu une ouverture et s’est infiltré (86-87). 48 secondes à jouer. Irrespirable.
O’brien n’a pas rentré son shoot. Rob Gray non plus. Dee Bost non plus ! Mais à chaque fois, au coeur, à l’énergie, avec cette foi qui vous sublime, L’ASM (par Gray, O’brien puis Knight) a arraché le rebond offensif…
Immense ! Faute sur Knight, qui n’a pas tremblé et rentré ses deux lancers (88-87).
Et maintenant, la Russie...
27 secondes à jouer. Abdou Ndoye, lancé en mission par Mitrovic, a alors réussi sans doute l’interception, face à Theodore, la plus importante de sa carrière. Il ne restait plus que 7 secondes, Gray n’a rentré qu’un lancer (89-87).
Mais cette fois, Mathias Lessort attendait donc Jordan Theodore sur cette ultime action où le meneur de Kazan n’a pas été en mesure de jouer les assassins. Monaco mène ainsi 1-0, et s’envolera dès 6 heures ce matin pour la lointaine Russie. Deux escales à Paris et Moscou, une arrivée à Kazan prévue aux alentours de 21 heures… Dans la capitale du Tatarstan, sans huis clos et devant un public bien chaud, la Roca Team visera un dernier succès pour écrire définitivement sa légende.