Assurances : les associations s’unissent pour les sinistrés
Les acteurs associatifs lancent une enquête dans les vallées frappées par la tempête Alex. Objectif : recenser les problèmes d’indemnisation pour mieux plaider leur cause.
Retards dans l’indemnisation, critères inadaptés, mauvaise volonté... Les relations entre assurances et assurés sont parfois difficiles, dans les vallées frappées par la tempête Alex (1). Cela n’a pas échappé aux associations qui sillonnent le terrain depuis bientôt sept mois. Elles ont décidé d’unir leurs forces pour lancer une enquête auprès des sinistrés.
« Vous êtes sinistré de la tempête Alex ? Vous rencontrez des problèmes avec votre assurance ? » Dans ce cas, un questionnaire détaillé vous attend (2). Destiné aux associations partenaires de l’opération, il doit leur permettre d’identifier les points noirs, de les signaler, et d’« être plus efficaces pour vous aider ».
Le Secours Populaire Français, très présent dans la Roya et la Vésubie, avait lancé les premiers signaux d’alerte dès janvier. « Les autres associations nous ont aussi fait part de difficultés sur le terrain », rapporte Jean Stellitano, secrétaire général de la Fédération des Alpes-maritimes. Le Secours
Pop’ a déjà recensé «une centaine de dossiers qui requièrent une attention particulière ».
« C’est LE problème du moment »
Face à l’ampleur de la catastrophe, les associations ont tissé un réseau d’entraide. Elles sont neuf à cosigner l’appel à témoignages. Secours Pop’ donc, mais aussi Secours catholique, Croix-rouge, Les Weekends solidaires, Aide aux sinistrés, Emmaüs Roya, Les Demoiselles des vallées et l’association Hervé-gourdel. La présidente de cette dernière, Aline Viguier Le Griel, précise : « Nous n’étions pas sûrs d’être légitimes, car nous ne sommes pas des associations de défense des consommateurs. Mais nous intervenons là où des assurances font défaut. Les assurances, c’est LE problème du moment. »
Les cas de figure sont variés. Exemple : « Les accès aux maisons, aux fermes ou aux dépôts emportés par les eaux. Une situation inédite ! Or les assurances expliquent que les terrains n’étaient pas assurables. Comment faire pour qu’ils soient indemnisés ? », s’interroge Jean Stellitano. D’autres sinistrés ont reçu une proposition d’indemnisation « conditionnée au verdict de l’expert des domaines. C’est illégal ! »
Aline Viguier Le Griel s’indigne que « des assurances n’indemnisent pas dans les temps, ou cherchent des raisons pour ne pas indemniser. On arrive à des situations potentiellement dramatiques. Des familles sont en train d’éclater parce que les gens ne voient pas le bout du tunnel ». Sans parler des sinistrés qui « n’avaient pas d’assurance, ou qui les avaient prises a minima ». Dans ce cas, insiste Jean Stellitano, les associations sont là pour les épauler.
dossiers liés à Alex
Objectif de l’opération : éviter les « trous dans la raquette » et dénoncer les abus. Mais pas jeter l’opprobre sur l’ensemble des assurances, confrontées à un événement sans précédent. La présidente de leur Fédération
française (FFA) s’est entretenue avec les associations récemment. Elle aurait reçu 12 000 dossiers liés à la tempête Alex ! «LAFFA va centraliser les demandes que les associations vont filtrer. C’est la grande avancée, salue Jean Stellitano. Ona aussi bien compris qu’au-delà des difficultés avec certains assureurs, l’état ne mettait pas en place suffisamment tôt certains dispositifs... » Les associations appellent donc l’état, comme les assureurs, à jouer pleinement son rôle. Sans traîner ni pinailler. Elles suggèrent aussi d’assouplir certaines clauses, telles que l’obligation de rebâtir dans les deux ans sur la même commune. Elles alertent, surtout, sur «lacolère» et « l’incompréhension » des assurés mal considérés. « Les gens ont besoin de se projeter, insiste Aline Viguier Le Griel. Sinon, il risque d’y avoir une fuite des habitants... »