« Ne plus confiner, c’est
En annonçant un calendrier de sortie de crise, le chef de l’état espère tourner la page de la crise sanitaire. Il détaille ses choix et annonce une grande tournée à la rencontre des Français cet été.
Il est h , mercredi. Emmanuel Macron prend place derrière un petit bureau disposé dans l’immense salle des Fêtes de l’élysée. Face à lui, comme autant d’écoliers, neuf journalistes de la presse régionale disposés sagement devant leur table individuelle, mesures sanitaires obligent. Trois autres, dont deux des territoires d’outre-mer, sont connectés par visio. En mode prof, télécommande à la main, le président de la République se lance dans un long exposé sur sa gestion de la crise, slides à l’appui. Analyse les courbes. Justifie ses choix. Le discours est précis. Rodé. Technique parfois. Après les propos liminaires et la présentation des étapes du déconfinement, le dialogue s’installe. Cash. S’il reconnaît se coucher parfois avec des doutes, Emmanuel Macron ne manque pas de certitudes. Parmi celles-ci, « la conscience de la dette que nous avons à l’égard de la jeunesse ». Une préoccupation qui résonne déjà comme un thème de campagne présidentielle.
Le mars, vous avez annoncé un retour progressif à la normale à partir de mi-mai. Quel est votre calendrier ?
L’étape zéro, c’était la réouverture des écoles le avril. Nous avons assumé cette priorité éducative et cette stratégie de vivre avec le virus, y compris face à un haut niveau d’incidence, supérieur à celui de nos voisins. Nous ouvrirons ensuite en quatre étapes. Le mai, fin des attestations et des restrictions de déplacement. Le mai, couvrefeu repoussé à h et réouverture des commerces, des terrasses et des musées, salles de cinémas et théâtres avec des jauges limitées. Dès le mai, il nous faut retrouver notre art de vivre à la française, en restant prudents et responsables : notre convivialité, notre culture, le sport… Le juin, couvre-feu à h et ouverture des cafés, restaurants et salles de sport. Enfin le juin, fin du couvre-feu.
L’idée de déconfiner par territoire est donc abandonnée ?
J’ai bon espoir que la France entière pourra passer à l’étape du mai. Les mesures seront nationales, mais nous pourrons actionner des « freins d’urgence sanitaire » dans les territoires où le virus circulerait trop. À l’heure actuelle, il y a dix départements dans lesquels l’incidence dépasse cas pour habitants.
Selon quels critères ces freins seront-ils déclenchés ?
Ils s’appliqueront dans une métropole ou un département en fonction de trois critères : le taux d’incidence qui dépasserait à nouveau infections pour habitants, une augmentation très brutale de ce taux et une menace de saturation des services de réanimation. Si cela se produit, le gouvernement, en concertation avec les préfets et les collectivités locales, bloquera les réouvertures.
Dès le mai, il nous faut retrouver notre art de vivre à la française”
En octobre, vous aviez fixé le seuil de déconfinement à cas par jour, il est aujourd’hui à plus de . Les conditions sont-elles vraiment réunies pour gagner ce nouveau pari ?
Je n’ai jamais fait de pari sur la santé et la sécurité de nos concitoyens. J’assume d’avoir fait des choix, mais ce ne sont pas des paris. Cela sous-entendrait que ce serait aventureux. Non. Nous avons été éclairés par la science et nous avons fait le choix de mettre l’humain avant tout. Dans l’humain, il n’y a pas que la gestion sanitaire mais aussi tout ce qui fait la vie des femmes et des hommes. La vie de la Nation ne se réduit pas à l’évolution des courbes. Je suis obligé de regarder la conséquence de la fermeture d’une école, quand un enfant n’aura pas un repas par jour ; ou encore la conséquence quand on demande à un commerce de fermer plusieurs semaines. Je sais leur détresse aujourd’hui. Nous devons prendre tout cela en compte.
Qu’est-ce qui a changé ?
La grande différence avec le mois d’octobre, c’est qu’aujourd’hui, nous avons un vaccin qui donne une perspective de sortie durable de la crise. Nous avons vu l’efficacité du couvre-feu, croisée avec l’arrivée du vaccin en janvier. C’est un vrai changement dans la gestion de l’épidémie.
Assouplirez-vous le télétravail ?
Le télétravail sera assoupli à partir du juin, en lien avec les partenaires sociaux au niveau des entreprises. De manière plus large, ce que je vous ai présenté aujourd’hui est un projet qui fera l’objet, à partir de lundi, d’une grande phase de concertation à trois niveaux : avec les parlementaires, avec l’ensemble des partenaires sociaux et des professionnels, et avec les élus des territoires. À l’issue, le plan sera présenté en détail par le Premier ministre au cours de la semaine du mai.