Nice-Matin (Cannes)

LREM retire sa liste et soutient Muselier

En annonçant – pour la seconde fois – le retrait de sa liste, et en apportant dans la foulée son soutien à Renaud Muselier, la candidate En Marche crée la confusion à droite.

- LIONEL PAOLI (avec AFP)

Partir, revenir… Cette campagne ressemble de plus en plus à un mauvais remake d’un film de Lelouch. Sophie Cluzel a indiqué hier soir qu'elle ne présentera­it finalement « pas de liste » de la majorité présidenti­elle pour les régionales en Provence-alpes-côte d’azur.

La secrétaire d’état aux personnes handicapée­s avait été mise sur la touche une première fois le 2 mai. Le Premier ministre Jean Castex avait annoncé lui-même le retrait de sa liste au profit de celle de Renaud Muselier. Sophie Cluzel était revenue dans le jeu trois jours plus tard, affirmant – à la surprise générale – qu’elle « restait candidate de la majorité présidenti­elle » et que celle-ci serait « représenté­e au premier tour des régionales » le 20 juin.

« Loin des attitudes politicien­nes »

Mais en politique comme en amour, les vérités d’un jour sont rarement celles du lendemain. La candidate justifie ce nouveau revirement en apportant son « soutien » à la liste conduite par Renaud Muselier (LR).

« [Il] a su entendre nos préoccupat­ions et su bâtir une liste de rassemblem­ent, autour de compétence­s régionales où nos valeurs sont représenté­es », assure la secrétaire d'état. Se disant « loin des oukases parisiens et des attitudes politicien­nes de certains », elle prône « le dépassemen­t des clivages dans le seul intérêt des habitants de notre région. Je souhaite que les lignes directrice­s de ma campagne perdurent car elles sont fondatrice­s de la région de demain : apaisement, audace et proximité doivent être les maîtres mots de la prochaine mandature ».

Renaud Muselier a assuré mercredi qu'il n'y aurait pas Sophie Cluzel sur sa liste, mais d'autres membres de LREM qui ne sont « ni ministre, ni député, ni sénateur » . Il a fait savoir, dans la foulée, qu’il n’y aurait pas davantage de parlementa­ires issus de sa propre famille politique : « Je veux des élus 100 % engagés pour la Région, loin des débats nationaux. »

Psychodram­e

Les régionales en Paca font l'objet d'un bras de fer politique autour d'une éventuelle alliance entre LREM et LR, redoutée par l'appareil LR qui dénonce une manoeuvre opportunis­te visant à l'affaiblir, notamment en vue de la présidenti­elle de 2022.

Le choix de « l’ouverture », assumé par Muselier, a provoqué un véritable psychodram­e au sein des Républicai­ns, qui avaient finalement maintenu leur soutien en échange de l'assurance qu'il n'y aurait « aucun accord avec LREM ».

Après une réunion particuliè­rement houleuse à Paris, deux ténors locaux de LR, le maire de Toulon Hubert Falco et celui de Nice Christian Estrosi, ont claqué la porte du parti.

« Muselier, candidat En Marche »

Avant-hier soir, plusieurs parlementa­ires Les Républicai­ns ont de nouveau réclamé le retrait de l’investitur­e accordée à Muselier. Parmi eux : le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, et le député azuréen Éric Ciotti. Ce dernier a vigoureuse­ment réagi, hier soir, à l’annonce du retrait de Sophie Cluzel. « Le piège se referme, a-t-il grondé sur Twitter. Le pont de l’ascension ne masquera pas la réalité d’une alliance contre-nature préparée par l’élysée. Une trahison de notre famille politique et le sacrifice de notre région pour les ambitions politicien­nes de quelques-uns. » Sa conclusion est sans appel : « Renaud Muselier devient le candidat d’en Marche ».

C’est dans cette ambiance extrêmemen­t tendue que le président sortant de la région Paca, à la recherche de la meilleure formule pour battre le Rassemblem­ent national, doit dévoiler ses têtes de listes cet après-midi à Marseille.

Selon deux sondages publiés mardi, la liste RN conduite par Thierry Mariani (ex-lr) arriverait en tête du premier tour et, pour la première fois, du second tour le 27 juin en cas de triangulai­re, devant la liste de Muselier.

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(Photo Sophie Louvet) « Renaud Muselier a su entendre nos préoccupat­ions », assure Sophie Cluzel.

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