Nice-Matin (Cannes)

Plages de Nice : c’est déjà le « jour d’après »

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Sur les plages de Nice, comme ailleurs sur la Côte d’azur, hier, c’était horizon sans masque et gestes barrières aux oubliettes. C’était l’insoucianc­e sans gel hydroalcoo­lique à portée de mains. Un plongeon et tant pis si l’eau est froide ! C’était presque la vie d’avant sous un soleil dont on craignait qu’il se fasse discret. Le bord de la Méditerran­ée, insouciant, avait déjà des airs de « jour d’après »... Covid. « C’est mon premier bain de l’année. Elle est superfroid­e, mais ça fait du bien », lance Patrick en s’ébrouant, plage du Centenaire. Ses deux garçons de 6 et 9 ans, tartinés de crème solaire, jouent en maillot sur les galets détrempés par l’écume des vaguelette­s. « J’ai juste mis les pieds dans l’eau », grogne le plus âgé. Qui ajoute : «Je veux pas me baigner, je ne veux pas attraper un rhume, on va me faire le test dans le nez. » Le père de famille respire à fond : «Onadûluien faire un pendant les vacances de Pâques et ça n’a pas été une partie de plaisir, le pauvre. ». Patrick embraie : «Je veux qu’on s’aère au maximum. Ça fait un an qu’on a l’impression d’étouffer avec toutes les restrictio­ns. Je veux profiter de mes fils dans des endroits où l’on ne doit pas mettre le masque », poursuit le quadra niçois. Il sourit : « Demain s’il fait beau, on ira à la campagne. »

« J’en ai marre que tout soit interdit »

En famille ou avec des amis, en solo ou en duo, la plage était, hier, comme un sas de sécurité avant de sauter dans le grand bain de la liberté retrouvée.

Pour Lana, 15 ans, c’est le premier jour de l’année en costume d’été : bikini, casquette et tongs. Comme ses deux copines du même âge, elle est bien décidée à commencer « à faire dorer ses jambes ». « Et je peux faire bronzer mon visage sans masque. Ça va sécher mes boutons », rit-elle. À quelques mètres de ces trois Niçoises, un autre groupe d’ados grignote un bout. En musique. «Onnela met pas fort du tout parce qu’une dame nous a dit que c’était interdit », peste Ryan, un Laurentin de 17 ans. Son pote, Axel, seul de la bande à ne pas être en maillot, souffle : « On s’en fiche si c’est interdit, on ne fait rien de mal, on n’attrape pas la Covid avec de la musique. J’en ai marre que tout soit interdit en ce moment, vivement cet été ! ». Il grimace : « C’est même pas sûr que ce soit mieux. On est dans la pire tranche d’âge. Je n’aurai 18 ans qu’en mars prochain donc je ne peux pas me faire vacciner. Si les boîtes rouvrent en juillet je n’aurais peut-être pas le droit d’y aller alors que ça aurait dû être ma première fois. » Collés les uns aux autres, «ladistanci­ation sociale », ce ne sera pas aujourd’hui. Mais Ryan s’excuse presque : « Avec le bruit de la plage, si on est trop loin les uns des autres on ne peut pas se parler. Et puis on est à l’air libre, on ne risque rien, non ? »

Tant pis pour le couvre-feu

Contre le mur, sans parasol et a priori sans crème solaire, Annie a déjà attrapé un joli coup de soleil. Il n’est même pas encore 13 heures. « À mon âge je ne risque plus rien », rigole la septuagéna­ire qui enchaîne : «Je suis à toute épreuve, même la Covid n’a pas voulu de moi. » C’est son deuxième week-end à rôtir allongée sur son tapis en mousse. «Il y a du monde quand même, plus que samedi dernier, mais je n’ai pas vu d’italiens. À cette période ça parle presque plus italien que français sur la plage », assure la Niçoise. Elle plisse soudain les yeux : « Ah tiens, là-bas ça doit être des Italiens, ils ont deux glacières et des thermos. Il y a qu’eux pour être équipés comme ça ! ». « Je suis sûre ce sont des Italiens ! », opine-t-elle avant de replonger dans son magazine de décoration.

Raté, les deux familles sont azuréennes. Une de Nice et l’autre de La Trinité. Une grand-mère, deux couples et 5 enfants se sont – « enfin » – retrouvés sur les galets. « On vit dans 55 mètres carrés à quatre avec un tout petit balcon. Dès qu’on peut sortir et rester dehors on ne se gêne pas, les occasions n’ont pas été nombreuses depuis l’été dernier », raconte Lisa, Trinitaire de 36 ans, qui peine à ouvrir un emballage de jambon blanc sous vide.

Monsieur, lui, éventre des baguettes de pain. Lisa veut profiter à fond de ces retrouvail­les avec ses amis niçois. « Les enfants ne s’étaient pas vus depuis septembre dernier », renchérit l’autre mère de famille. « Alors on va profiter toute la journée », lâche Lisa. Quitte à ne pas rentrer avant le couvre-feu ? «On rentrera quand on en aura marre. Pour une fois on ne regardera pas l’heure, ça fait du bien. »

 ?? (Photo Jean-françois Ottonello) ?? Les Azuréens ont profité de la plage, comme ici, à Nice, pour le premier jour du long week-end de l’ascension.
(Photo Jean-françois Ottonello) Les Azuréens ont profité de la plage, comme ici, à Nice, pour le premier jour du long week-end de l’ascension.

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