Le traumatisme de
Créer un nouveau port plus à l’ouest ? Voire au bout de l’aéroport ? Voilà une idée qui ne date pas d’hier. Un tel équipement, le département a même failli l’avoir depuis belle lurette. Le projet avait été entériné par le ministre des Transports sous Giscard, les financements et bouclés et les travaux engagés...
Des millions de mètres de cube de terre avaient même commencé à être arrachés à la colline de Crémat pour venir combler la mer au bout de l’aéroport.
Neuf ouvriers avaient péri
Le futur port de commerce de Nice devait même être connecté directement à l’autoroute par deux tunnels passant sous les pistes. «Ils doivent toujours s’y trouver », avance Nicolas Plumion, le président de l’union maritime 06. La digue elle n’a jamais été achevée. Le serpent de mer a été englouti le 16 octobre 1979. Un drame qui, plus de quarante ans après, continue de miner le projet de nouveau port à l’ouest.
Et pour cause : neuf ouvriers de ce chantier colossal, présenté à l’époque comme le plus grand d’europe, avaient péri lors de la catastrophe. Les pluies diluviennes qui s’étaient abattues quinze jours durant sur le département avaient fait grossir le Var et commencé à ronger sournoisement les soubassements de la digue en construction. Elle s’est brutalement effondrée. Poussant les eaux au point de créer un tsunami artificiel. Une vague de plusieurs mètres de haut avait alors déferlé à plus de 540 km/h sur Antibes. Le quartier de la Salis avait été submergé, faisant deux victimes de plus.
L’onde de choc de cette tragédie a également eu raison du projet de nouveau port. Le chantier n’a jamais repris. Et aujourd’hui encore le traumatisme laissé par cette catastrophe qui n’avait rien de naturelle resurgit à l’évocation de ce vieux serpent de mer. Plusieurs fois. Sous la mandature Peyrat d’abord, qui voulait doubler l’actuelle digue afin d’augmenter la capacité du bassin Lympia. Mais celle-ci aurait dévasté les herbiers de posidonie. Puis de nouveau à l’ouest, sous celle de son successeur au fauteuil de maire, Christian Estrosi.
Un projet à un milliard qui refait régulièrement surface
Le dossier va-t-il à nouveau refaire surface ? « C’est avant tout une question de volonté politique, souligne Nicolas Plumion. Soit on se cantonne à faire de la plaisance et du yachting, soit on se dote d’une infrastructure digne de ce nom et capable de contribuer au développement de ce territoire. Aujourd’hui , on dispose des techniques qui permettraient d’éviter évidemment une catastrophe telle que celle survenue en 79. » On sait faire, sans doute, mais à quel prix ? Le président de l’union maritime 06 évalue lui-même un tel chantier à « un milliard d’euros ».
« Bien sûr que la construction d’un port moderne est très coûteuse, mais aussi très rentable, relativise Pierre Mattei, le président de la Corsica Ferries. Il ne faut pas raisonner à court terme. Un port, c’est fait pour durer plus de 100 ans. » La durée d’amortissement serait donc à la hauteur de l’investissement.