Nice-Matin (Cannes)

Branle-bas de combat après les tribunes des militaires

Le chef d’état-major des armées a dû monter au créneau, après la publicatio­n d’une nouvelle lettre ouverte dans Valeurs actuelles, qui dénonce le « délitement » du pays. Ambiance dans les rangs.

- GUILLAUME AUBERTIN gaubertin@nicematin.fr

C’est une véritable tempête qui souffle depuis quelques jours dans les rangs de l’armée. L’affaire est assez grave pour que Florence Parly prenne, elle-même, la parole. La ministre des Armées s’est empressée de dénoncer une « grossière machinatio­n politique » ,au lendemain d’une nouvelle lettre ouverte signée anonymemen­t par des militaires d’active. À l’instar de la première « tribune des généraux », publiée il y a trois semaines dans Valeurs actuelles, celle-ci met à nouveau en garde contre une « guerre civile » qui couve [lire ci-contre].

Stupeur dans les casernes. Des soldats ont osé sortir de leur devoir de réserve. Le chef d’étatmajor des armées a donc, lui aussi, dû prendre la parole pour calmer ses troupes. « Chaque militaire est libre de penser ce qu’il veut, mais il lui appartient de distinguer sans ambiguïté ce qui ressort de sa responsabi­lité de citoyen de ce qui ressort de sa responsabi­lité de militaire » , a mis en garde le général Lecointre ce lundi. En d’autres termes, il invite les militaires signataire­s de ces tribunes à rendre leur uniforme. Rompez !

Devoir de réserve

Pour beaucoup, la sortie du chef d’état-major était « nécessaire », voire « apaisante ». « Le débat nous anime beaucoup en ce moment. On en parle entre nous bien sûr... Après, on pense ce qu’on veut, mais pas en uniforme », glisse un officier supérieur varois d’active.

« Au fond, il y a peut-être des vérités dans cette tribune, avec l’augmentati­on des violences et la justice qui ne fait pas son travail...

Mais quand on est militaire, rappelle un gradé retraité de l’armée de terre, on respecte son devoir de réserve. » Dur, dur de délier les langues. Même de façon anonyme. Un militaire varois d’active reconnaît que « le sujet est sensible et pas vraiment débattu à bâtons rompus. »

Mais ce qui crée davantage le malaise aujourd’hui, c’est le mauvais timing de l’affaire, qui tombe en pleine période électorale. Un général qui n’est plus en activité fustige « cette volonté de politiser les choses et de les monter en épingle avec la blogosphèr­e qui s’en mêle. Le sujet est vicié. Quand on regarde sur le fond, poursuit-il, à part certains passages maladroits, il n’y a pas de quoi en faire un fromage. Personne n’appelle à l’insurrecti­on ! » À croire que pour certains, un pavé jeté dans la mare peut avoir du bon. Même dans les rangs serrés de l’armée. « Car on n’est plus au XIXE siècle non plus. Les militaires ont un devoir de réserve, mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne pensent pas les choses. »

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(Photo PQR) La ministre des Armées, Florence Parly, dénonce une « grossière machinatio­n politique ».

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