Nice-Matin (Cannes)

MEETING NIKAÏA DANS LE RÉTRO « Une soirée fantastiqu­e »

Le 16 juillet 1985, le Britanniqu­e Steve Cram remportait le 1500m en 3’29’’67. Il battait alors le record du monde et devenait le premier homme à passer sous les 3’30’’. Il n’a rien oublié.

- ROMAIN LARONCHE

Il y a bientôt 36 ans, Steve Cram entrait dans l’histoire de l’athlétisme grâce à cette course, en cassant cette barre mythique du 3’30’’ sur le 1500m. Le Britanniqu­e, déjà champion du monde (1983) et vice champion olympique (1984), était en pleine gloire. Il avait 26 ans, les cheveux blonds et les muscles saillants. Cette course reste gravée dans son esprit mais aussi dans la mémoire de beaucoup de fans. Aujourd’hui âgé de 60 ans, celui qui commente l’athlétisme pour la BBC et organise des stages d’entraîneme­nt est revenu sur ces instants magiques.

Quels souvenirs gardezvous de cette course ?

De très bons souvenirs forcément. Il y avait deux objectifs : la victoire principale­ment et le record. Nous savions que nous allions courir vite parce que Joaquim Cruz (athlète brésilien, champion olympique du m en ) avait demandé un rythme rapide et il y avait du monde : Saïd Aouita, moi-même et un très bon peloton. Le record était un bonus supplément­aire et il est arrivé grâce à la qualité du terrain. J’ai toujours aimé courir à Nice, l’une de mes courses préférées de l’année et c’était une soirée fantastiqu­e. Ensuite, nous avions fait la fête, c’était super ! Pour Saïd et moi, c’est l’un des souvenirs les plus heureux. Je savais que je courais bien et que je pouvais me rapprocher ou battre le record du monde, mais j’étais vraiment très heureux d’y parvenir.

Etre le premier homme à descendre sous les ’’’ est-ce plus fort que les titres ?

Je ne pense pas. C’est moi qui suis allé sous les ’’’ mais je voulais juste essayer de courir plus vite que je n’avais couru auparavant. Pour moi, l’athlétisme a toujours consisté à essayer de gagner les plus grandes courses : obtenir des titres et des médailles. Aujourd’hui, je suis très fier de la vitesse à laquelle j’ai couru, mais ce n’est qu’un temps. Je pense même que j’aurais pu courir plus vite, mais j’essayais vraiment de me concentrer sur les championna­ts.

Saïd Aouita ?

Oui, on m’en parle encore beaucoup. Les gens se souviennen­t à quel point c’était serré et puis Saïd était devenu champion olympique un an plus tôt à Los Angeles (sur  m) et j’avais remporté les championna­ts du monde contre lui en ... Nous étions de bons amis mais aussi des rivaux. Et même s’il avait terminé deuxième, il avait aussi réussi à passer sous les ’’’ et à battre le record du monde (en ’’’). Au Royaume-uni, la course avait été diffusée en direct sur nos deux chaînes principale­s, donc plus de  millions de personnes l’avaient regardée. C’est entré dans l’histoire de l’athlétisme au pays, alors les gens s’en souviennen­t encore s’ils sont assez vieux (rires). Au Maroc, Saïd est extrêmemen­t connu et comme j’étais son grand rival, les gens m’en parlent aussi. C’était le cas dans les années - quand je voyageais là-bas, mais aussi plus récemment, quand je suis allé à la Rabat pour la Diamond League. Au Maroc, Saïd est toujours l’un des coureurs les plus célèbres.

Quelle a été votre réaction quand vous avez appris la disparitio­n du meeting Nikaïa ?

Je trouvais vraiment dommage, d’autant que c’était une des compétitio­ns que j’avais l’habitude d’intégrer dans mon emploi du temps. J’aimais beaucoup revenir à Nice, j’aimais les organisate­urs et la Côte d’azur. Et dans les années , c’était certaineme­nt l’une des meilleures compétitio­ns du circuit, c’était une si belle soirée. Je pense que le meeting Herculis à Monaco a progressiv­ement pris de l’ampleur et la place du Nikaïa. À chaque fois que j’allais à Monaco pour commenter et que je passais devant ce stade, j’avais toujours de la tristesse car c’était un lieu fantastiqu­e et un endroit idéal pour courir. Avec l’allianz Riviera, le stade paraît bien petit aujourd’hui, alors que quand j’y courais, ça semblait être très grand.

Et maintenant, comment accueillez-vous son possible retour ?

Ce serait super. L’athlétisme a besoin de plus de compétitio­ns d’un bon niveau, en particulie­r en Europe. Notre sport est toujours incroyable­ment populaire et nous savons qu’à Nice il peut y avoir une très bonne compétitio­n. Les athlètes sont toujours à la recherche de bonnes conditions et certaineme­nt que les organisate­urs savent ce qu’ils font en termes de montage de courses. C’est un endroit idéal pour courir vite. J’espère que la compétitio­n pourra se développer rapidement et revenir au niveau où elle était dans les années .

Revenez-vous régulièrem­ent sur la Côte d’azur ?

Oui au moins une fois par an pour le meeting Herculis. Nous avons aussi des amis qui vivent dans votre région et nous y passons quelques séjours. Nous adorons la

Côte d’azur. Je suis aussi revenu pour supporter mon fils Eric qui a fait l’ironman de Nice il y a quelques années, j’avais couru avec lui le long de la Promenade des Anglais. Maintenant, j’espère que je pourrai revenir pour le retour du meeting Nikaïa.

Les gens vous parlent encore de ce duel avec

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Dans les années , ce meeting était l’une des meilleures compétitio­ns du circuit. ”

 ?? (Photos AFP et R.G.) ??  juillet  : une course mythique remportée par Steve Cram devant Saïd Aouita. Les deux hommes sont les premiers à passer sous les ’’’ sur  m (’’’ et ’’’).
(Photos AFP et R.G.)  juillet  : une course mythique remportée par Steve Cram devant Saïd Aouita. Les deux hommes sont les premiers à passer sous les ’’’ sur  m (’’’ et ’’’).

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