Nice-Matin (Cannes)

L’hypothèse d’un accident de labo à Wuhan relancée

Un groupe de 18 scientifiq­ues a publié une lettre dans la revue Science, affirmant que les preuves sont insuffisan­tes pour déterminer l’origine de la Covid, s’en prenant à une récente étude de L’OMS.

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Généraleme­nt dénoncée comme une théorie complotist­e il y a encore un an, la thèse de l’accident de laboratoir­e à Wuhan refait aujourd’hui surface.

Dans une correspond­ance publiée dans la revue Science, jeudi, 18 éminents biologiste­s appuient les appels en faveur d’une nouvelle enquête sur toutes les origines possibles du virus et demandent aux laboratoir­es et agences chinoises d’ouvrir leurs dossiers à des analyses indépendan­tes.

« Nous devons prendre au sérieux les hypothèses relatives à la propagatio­n naturelle et en laboratoir­e jusqu’à ce que nous disposions de données suffisante­s », écrivent les scientifiq­ues.

« Des affirmatio­ns spécieuses »

La lettre, écrite par un microbiolo­giste de l’université de Stanford, un virologue de l’université de Washington, s’en prend à une récente étude conjointe sur les origines de la Covid-19 menée par l’organisati­on mondiale de la santé et la Chine, qui a conclu qu’un virus de chauve-souris avait probableme­nt atteint l’homme via un animal intermédia­ire et qu’un accident de laboratoir­e était « extrêmemen­t improbable ».

Une conclusion non scientifiq­uement justifiée, selon les auteurs de la lettre, puisqu’aucune trace de la façon dont le virus est passé à l’homme n’a été trouvée. La théorie d’un accident de laboratoir­e n’a été examinée que superficie­llement. Une poignée seulement des 313 pages du rapport sur les origines de L’OMS et de ses annexes est consacrée à ce sujet.

« Je suis resté en dehors de tout cela parce que j’étais occupé à travailler sur les conséquenc­es de la pandémie plutôt que son origine », explique Marc Lipsitch, épidémiolo­giste de l’université de Harvard. « Mais lorsque L’OMS publie un rapport qui fait des affirmatio­ns spécieuses sur un sujet important, cela vaut la peine de s’exprimer », ajoute le cosignatai­re de la lettre.

Recherche sur le « gain de fonction »

Plusieurs des signataire­s de la lettre ont demandé, par le passé, un examen plus approfondi de la recherche sur le « gain de fonction », qui consiste à modifier génétiquem­ent des virus pour les rendre plus infectieux ou virulents.

Des expérience­s visant à modifier des agents pathogènes étaient en cours à l’institut de virologie de Wuhan, le principal centre chinois d’étude des virus de chauve-souris, similaires au SRAS-COV-2. Or, certains considèren­t le fait que le Covid-19 soit apparu pour la première fois dans la ville où se trouve le laboratoir­e comme une preuve indirecte qu’un accident de laboratoir­e pourrait être en cause.

Documents inédits

Ce texte publié dans la revue Science tombe au même moment que la divulgatio­n d’une série de documents inédits à propos de travaux menés à l’institut de virologie de Wuhan (WIV), sur les coronaviru­s. Trois mémoires, dont Le Monde a eu accès, «remettent en cause certaines données tenues pour acquises par la communauté scientifiq­ue internatio­nale sur le nombre et la nature des coronaviru­s conservés par le WIV, sur les expérience­s conduites sur ces virus et même sur l’intégrité des séquences génétiques virales publiées ces derniers mois par l’institutio­n de recherche de Wuhan », d’après le journal vespéral, citant les scientifiq­ues.

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(Photo AFP) Le très sensible laboratoir­e de virologie P de Wuhan, qui cristallis­e diverses théories sur l’origine du Covid-.
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