Ces petits animaux que les gens ne voient pas...
Jusqu’au 30 novembre, les mini-bêtes (2 ou 3 millimètres) du photographe Pierre Escoubas jouent les géants dans les Jardins du Musée International de la Parfumerie.
Il photographie insectes et animaux sur fond blanc, extraits de leur environnement naturel. Puis présente son travail sur de grands formats, au coeur du jardin. Ce travail épuré, qui se joue des échelles, provoque chez le spectateur la surprise et souvent l’émerveillement. Rencontre.
Quel est le fil conducteur de cette installation ?
Le but est de faire apprécier aux gens une biodiversité de proximité qu’ils ignorent parfois. En tant que membre du collectif de macrophotographie « Meet your neighbours » depuis , je respecte une charte graphique : des images de la biodiversité de proximité sur fond blanc. C’est le protocole commun à tous les photographes de ce mouvement qui vise à reconnecter l’individu avec la faune et la flore qui nous entourent en répertoriant photographiquement tous les insectes et les fleurs de proximité, en milieu naturel.
Quel est votre message ?
La protection de l’environnement, l’éveil des consciences. C’est un sujet qui me tient particulièrement à coeur. J’ai travaillé tout au long de ma carrière de biologiste sur des produits naturels. Après un doctorat de biologie à Paris VI, j’ai été chercheur aux États-unis, puis au Japon puis enseignant chercheur à l’université de Paris et Nice. J’ai longtemps travaillé sur les venins des fourmis, araignées, scorpions, serpents… J’ai ensuite monté ma propre biotech.
Une vocation ?
Je suis naturaliste par vocation. J’ai fait de l’entomologie, de la biologie… Mon travail de photographe est associé à cela : la macrophotographie des animaux vivants. Je les capture sur le terrain, je les prends en photo dans un petit studio devant une plaque en plastique blanc, puis je les relâche. Pas de mise en scène, d’animaux morts, de retouche Photoshop… D’ailleurs, il y a des ratés ! Certaines photos ont été prises aux JMIP d’autres dans mon jardin, d’autres à Caussols.
Quels animaux peut-on trouver ?
Dans les Alpes-maritimes, nous avons la plus haute biodiversité de toute la France en termes de nombre d’espèces d’animaux et de plantes. C’est dû à sa situation géographique particulière. Il y a beaucoup d’habitats différents. Un environnement exceptionnel qui n’est pas forcément perçu quand on habite la zone urbaine. Dans son jardin, au parc Vaugrenier, ou dans la forêt des Préalpes, ça devient extraordinaire ! Les Jardins du MIP sont une espèce d’oasis de biodiversité car les jardiniers travaillent de façon respectueuse de l’environnement. C’est aussi un refuge LPO (Ligue de protection des oiseaux). Leur philosophie est de laisser les endroits sauvages. Mon jardin est aussi un excellent terrain de jeu pour moi.
Les photographies sont très instructives…
Je suis attiré par très petits animaux et insectes, de ou millimètres. L’idée est de montrer l’image d’animaux que les gens ne peuvent pas voir. Ils voient une petite tache noire et moi je vois des yeux verts et un corps orange. L’objectif est de montrer le petit, de faire apprécier la beauté des couleurs et des formes par le biais de la macro sur ces fonds blancs.
D’autres projets artistiques ?
Je diversifie régulièrement les types de prises de vue : une semaine, je prends les orchidées, à un autre moment, les libellules… Je voyage encore pas mal. Je développe des activités de photographies d’expéditions scientifiques en Guyane, en Polynésie, à Bornéo ou au Montenegro. Je développe des installations de mes photographies sur support, suspensions ou grandes bâches de tailles inhabituelles.