Nice-Matin (Cannes)

Prison ferme pour les frères Guérini

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Fustigeant de « graves atteintes à la confiance publique » dans un dossier de marchés publics truqués, le tribunal correction­nel de Marseille a condamné hier le sénateur Jeannoël Guérini et son frère Alexandre à de la prison ferme, ajoutant 5 ans d’inéligibil­ité pour l’élu.

« Vous n’avez eu de cesse de protéger les intérêts de votre frère » ,a lancé la présidente du tribunal, Céline Ballerini, à Jean-noël Guérini, ex-homme fort du Parti socialiste des Bouches-du-rhône : «La responsabi­lité d’un homme qui assume des fonctions électives est de s’en montrer digne et de ne jamais permettre à des intérêts personnels de prendre le dessus sur l’intérêt général. »

Condamné à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis, l’élu de 70 ans pourra effectuer la peine ferme à son domicile sous bracelet électroniq­ue. Il a également été condamné à 30 000 euros d’amende et cinq ans de privation des droits civiques, et donc d’inéligibil­ité.

Le tribunal ayant prononcé l’exécution provisoire pour cette peine complément­aire de privation des droits civiques, Jean-noël Guérini doit quitter ses postes de sénateur et de conseiller départemen­tal, sauf s’il obtient la suspension de cette exécution provisoire en déposant une requête auprès du premier président de la cour d’appel.

Six ans ferme pour Alexandre

C’est à l’encontre de son frère cadet, Alexandre Guérini, personnage central du dossier, que la sanction la plus lourde a été prononcée. Entreprene­ur dans la gestion de déchets, il écope de six ans de prison ferme et a été convoqué le 10 juin à la prison des Baumettes pour être incarcéré. Il s’est en outre vu interdire de gérer une entreprise pendant cinq ans et a été privé de ses droits civiques durant la même période. Son entreprise, la SMAE, a quant à elle été condamnée à 200 000 euros d’amende. Les deux hommes sont sortis sans un mot l’un après l’autre de la salle d’audience. Ils ont dix jours pour faire appel.

Il était reproché Jean-noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-rhône de 1998 à 2015, d’avoir préempté un terrain sous le prétexte d’y sauvegarde­r une plante rare, puis de l’avoir revendu à une communauté d’agglomérat­ion pour favoriser son frère, qui en avait besoin pour l’extension d’une décharge. Alexandre Guérini était quant à lui accusé d’avoir utilisé la position de son frère pour faire pression sur des élus ou des fonctionna­ires pour contourner les procédures de marchés publics, s’enrichir, éliminer des concurrent­s ou favoriser des proches.

Outre les deux frères, dix autres personnes -- élus, fonctionna­ires territoria­ux, dirigeants de sociétés et l’entreprise d’alexandre Guérini -- étaient poursuivie­s. Une seule a bénéficié d’une relaxe, les autres étant condamnées à des peines allant de six mois de prison avec sursis à 18 mois de prison dont six ferme et 80 000 euros d’amende. avril. Quelque 10 millions d’euros ont également été confisqués par le tribunal.

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(Photo AFP) Jean-noël Guérini à sa sortie du tribunal correction­nel de Marseille, hier. L’ex-homme fort du Parti socialiste des Bouches-durhône a écopé de  mois ferme.

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