Nice-Matin (Cannes)

Iran : l’ultraconse­rvateur Raïssi élu au premier tour

Ebrahim Raïssi a remporté la présidenti­elle dès le premier tour, marquée par la plus basse participat­ion depuis la proclamati­on de la République islamique en 1979.

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Sans surprise, Ebrahim Raïssi, chef de l’autorité judiciaire âgé de 60 ans, s’est imposé dès le premier tour face à trois autres candidats, après une campagne électorale terne sur fond de mécontente­ment général face à la crise économique et sociale. Il a obtenu 61,95 % des voix, selon les résultats définitifs d’hier. Le taux de participat­ion officiel s’élève à 48,8 %. Hodjatoles­lam (rang inférieur à ayatollah dans la hiérarchie du clergé chiite), M. Raïssi faisait figure d’archifavor­i, faute de concurrenc­e réelle après la disqualifi­cation de ses principaux adversaire­s.

Rejet de l’occident

Le chef de l’autorité judiciaire, qui doit prendre ses fonctions en août, hérite d’un pays en proie à une grave crise économique, notamment à cause des sanctions imposées par les Etats-unis contre l’iran après la décision de l’ancien président américain Donald Trump de dénoncer en 2018 l’accord internatio­nal sur le nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne.

Bien qu’issu d’un courant politique se caractéris­ant par l’antiaméric­anisme et le rejet de l’occident, M. Raïssi a rappelé pendant la campagne que la priorité – conforméme­nt à la ligne fixée par le guide suprême Ali Khamenei, 82 ans – était d’obtenir la levée de ces sanctions pour sortir le pays de l’ornière. Car le président a des prérogativ­es limitées en Iran, où l’essentiel du pouvoir est aux mains du guide suprême. Mais d’aucuns voient en Ebrahim Raïssi un possible successeur de ce dernier.

Épuration

Pour l’opposition en exil et des défenseurs des droits humains, M. Raïssi est l’incarnatio­n de la répression et son nom associé aux exécutions massives de détenus de gauche en 1988, à l’époque où il était procureur adjoint du tribunal révolution­naire de Téhéran.

S’il a récemment nié y avoir joué le moindre rôle, il a rendu « hommage » àl’ «ordre» donné selon lui par l’ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique, de procéder à cette épuration. Amnesty Internatio­nal a néanmoins dénoncé son élection à la présidence, jugeant qu’il devrait faire l’objet d’une enquête pour « crimes contre l’humanité » et «répression brutale » des droits humains. M. Raïssi figure sur la liste noire des responsabl­es iraniens sanctionné­s par Washington pour « complicité de graves violations des droits humains ».

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