Éric Ciotti : « Ma famille politique a vécu une terrible épreuve »
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Nous avons failli éclater ”
Plutôt discret pendant la campagne, soucieux de ne pas jeter de l’huile sur le feu, Éric Ciotti persiste et signe : il ne regrette rien de ses propos acides visant Renaud Muselier et Christian Estrosi. Si la situation semble en voie d’apaisement avec le premier, avec le second, il n’en est rien.
N’êtes-vous pas tombé dans le piège tendu par le Premier ministre, lorsque ce dernier a annoncé le retrait de la liste LREM le mai dernier ?
Au contraire ! Jean Castex a voulu tendre un piège à la droite républicaine. Cet accord voulait être la base d’une vaste recomposition : heureusement que beaucoup de voix s’y sont opposées. J’ai la fierté de faire partie de ceux-là.
Contrairement à Renaud
Muselier et Christian Estrosi ?
Renaud Muselier est peut-être tombé dans ce piège… En ce qui concerne Christian Estrosi, il était dans une forme de cohérence puisque, dès , il a soutenu l’élection d’emmanuel Macron avant le premier tour. Et je vous rappelle qu’en septembre dernier, il a publiquement souhaité que M. Macron soit le candidat de la droite républicaine pour la présidentielle.
[Soupir] Je suis un peu las que l’on résume à des querelles d’ego les questions de fond qui m’opposent au maire de Nice. Je n’oublie pas notre parcours commun. Mais aujourd’hui, il a fait le choix de Macron et moi, je ferai tout pour qu’il ne soit pas réélu en .
Renaud Muselier aurait-il été aussi bien élu sans le retrait de la liste LREM ?
Cet accord ne lui a rien apporté. Bien au contraire, il a profondément choqué nombre d’électeurs de droite dans notre région.
Cela justifiait-il de le traiter de « traître » ?
Aujourd’hui, ce qui m’importe, c’est que notre famille politique soit rassemblée. On a vécu une terrible épreuve instrumentalisée par le pouvoir en place ; nous avons failli éclater.
Vous avez appelé à voter pour lui juste avant le second tour…
J’ai fait un choix de responsabilité. Cela m’a valu beaucoup de critiques, d’ailleurs ! Je l’ai fait parce que Renaud Muselier s’est engagé à ne pas soutenir Macron au premier tour de la présidentielle. Désormais, je considère que la page est tournée.
Lorsque Christian Estrosi vous qualifie de « lepénocompatible », le jour même où vous appelez à voter Muselier, comment réagissez-vous ?
Ça arrangerait bien Christian Estrosi que je sois ce qu’il prétend. Je n’ai qu’une boussole : celle de la famille politique à laquelle j’appartiens depuis quarante ans. Et je n’ai qu’un objectif, la faire gagner l’an prochain. Le reste relève des postures changeantes.
Les Républicains sauront guérir leurs blessures ?
Notre famille est unie. Certains, comme Christian Estrosi, l’ont quittée : j’y vois une forme de clarification qui va simplifier les débats à venir. Rien n’est pire que d’avoir, en son sein, certains qui jouent la partition de l’adversaire.
Vous visez également Hubert Falco ?
C’est un ami. [Silence] J’espère qu’il reviendra très vite vers nous.
Le résultat des départementales vous console de tout cela ?
J’ai été réélu dans le canton de Tourrette-levens dès le premier tour. Cela me conforte dans ma volonté de poursuivre sur une ligne claire et droite, sans aucune compromission ni d’un côté ni de l’autre.