A droite, le match pour 2022 est déjà engagé
Comme on s’y attendait, ce second tour des régionales a conforté les ambitions de Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, réélus plus facilement que prévu.
Adroite, « tout commence aujourd’hui » : à peine confortés par les urnes aux régionales, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez entrent en concurrence pour représenter leur camp à la présidentielle de 2022.
On se souvient que le premier à avoir dégainé dimanche après sa victoire à 52,4 % dans les Hautsde-france, c’est Xavier Bertrand : « Ce résultat me donne la force d’aller à la rencontre de tous les Français. »
« Maintenant, tout le monde a compris que la présidentielle est désormais un match à trois », a également affirmé aux Echos le président des Hauts-de-france, qui s’était affiché, jeudi, sur Twitter au volant d’une 4L estampillée « Présidence de la République », à l’occasion d’une visite sur le site industriel de Renault près de Douai (Nord).
Une façon de préempter le match pour l’ex-lr, déjà candidat déclaré à la présidentielle. Se posant en rassembleur, il a appelé, hier, ses rivaux potentiels à former « une belle équipe » pour 2022.
« Pas d’homme providentiel »
Dans cette course à la candidature, il faudra cependant compter avec Valérie Pécresse, autre grande gagnante des régionales (45,9 % en Ile-de-france), selon qui «il n’y a pas d’homme providentiel ». « Pour moi, tout commence aujourd’hui » ,a martelé, hier, l’ex-lr, qui dira à la rentrée si elle est candidate ou non. Pas de calendrier affiché, en revanche, pour Laurent Wauquiez, qui a ostensiblement pris de la hauteur après sa victoire facile en Auvergne-rhône Alpes (55,2 %). Lui n’est « pas dans une course de vitesse » car « il n’y a pas d’avenir pour la politique [...] si on bascule dans une espèce de course de petits chevaux de bois où à peine on a sauté une haie, on passe à une autre ».
Une chose est sûre en revanche : « On ne peut plus jouer solo », a averti Valérie Pécresse. Et cela « vaut aussi pour les partis », a-t-elle ajouté, dans une contestation voilée de la méthode LR, qui tenait un comité stratégique hier.
Le parti y a arrêté son calendrier : bureau politique le 6 juillet, puis congrès le 30 septembre pour trancher sur une éventuelle méthode de « départage » (que la direction souhaite « éviter » au nom de l’unité).
Comme prévu, le candidat sera désigné « dans la première quinzaine de novembre », a répété le président de LR Christian Jacob, en dépit des pressions qui risquent d’être fortes pour accélérer et enfin doter la droite de son candidat.
« Ordre dispersé »
« Le but n’est pas la précipitation, c’est de gagner », a ajouté Christian Jacob. Car LR est bien conscient, à dix mois de la présidentielle, des risques d’une exposition précoce : « Si on sort trop vite, on est sûrs de se faire massacrer », a assuré dimanche Jean-françois Copé. « Notre sujet, c’est de déterminer la personnalité capable de porter cette dynamique. Aujourd’hui, rien n’est clair de ce point de vue. »
Car même si Xavier Bertrand sort « plutôt renforcé » des régionales pour 44 % des Français selon un sondage Ifop, il est suivi par Valérie Pécresse (38 %) et Laurent Wauquiez (32 %), et il lui faudra convaincre en interne.
La droite n’a « pas de candidat naturel », a affirmé, hier, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, luimême candidat potentiel à une primaire qu’il appelle de ses voeux. A l’inverse, le patron des députés Damien Abad a estimé que Xavier Bertrand était « notre meilleur atout pour porter nos couleurs à la présidentielle ». Alors que les prises de position risquent de se multiplier dans les jours à venir, Bruno Retailleau a averti : «Sionvaenordre dispersé, si on est à nouveau la droite la plus bête du monde » alors « ce sera terminé ».
C’est l’autre grand danger qui menace LR, qui ne se relèverait pas d’une nouvelle guerre fratricide. « Si les différents candidats de droite ne s’astreignent pas à un devoir de respect mutuel, ils savent qu’ils s’entre-tuent », a averti la députée du Doubs Annie Genevard.