Un drone pose des balises pour protéger les oiseaux
Une ligne électrique située dans le Mercantour a été identifiée comme dangereuse pour six espèces d’oiseaux. Le dossier est devenu prioritaire avec l’arrivée du gypaète barbu.
Entraunes. La source du Var, le coeur du Mercantour, le col de la Cayolle, les montagnes, la nature protégée. Et la ligne électrique aérienne de six kilomètres pour relier le hameau d’estenc. Non pas qu’elle soit dangereuse pour les bipèdes. Mais certains oiseaux, eux, risquent la collision.
C’est en tout cas ce qu’ont conclu Enedis, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et le parc national du Mercantour. Pour y remédier, une opération de pose de balise vient d’avoir lieu avec l’aide d’un drone.
Percutés ou électrocutés
Il n’y a pas qu’ici que les lignes sont dangereuses pour les oiseaux. C’est un souci universel connu depuis longtemps des amoureux de l’avifaune. «Ilya deux risques, expose Amine Flitti, directeur de la LPO Paca. Les oiseaux peuvent s’électrocuter en s’y posant. Ils peuvent aussi percuter la ligne. À cause de certaines conditions météo (comme le brouillard), ou parce qu’elle se confond avec la végétation. Sachant que beaucoup d’oiseaux volent de nuit. »
Depuis 2012, l’association est partenaire de l’industriel. « La LPO identifie les zones à risque, détaille Amine Flitti. On cartographie régulièrement, pour établir les zones les plus mortifères. Ensuite, Enedis peut planifier leur neutralisation. »
Le gypaète a fait basculer le dossier
Cette ligne proche du coeur du Mercantour, difficilement accessible pour l’homme, a été identifiée. Mais un invité surprise a mis le dossier sur le dessus de la pile. « C’est un espace protégé, et récemment, le cinquième couple de gypaètes barbus du parc s’est installé sur le secteur, poursuit Clémentine Dentz, responsable territoriale haut Var et Cians pour le parc national. On a un niveau d’enjeu qui a augmenté depuis 2018. »
Pour cet animal protégé, objet d’un programme de réintroduction, il s’agit d’un « principe de précaution ». Mais il y a déjà eu des victimes. «Onaeudescasderapaces nocturnes retrouvés morts au pied de la ligne, notamment le grand-duc d’europe », raconte l’agent du Mercantour.
L’étude de la LPO établit un risque pour six espèces : le gypaète barbu, le grand-duc d’europe, le tétras-lyre, le pic noir, la perdrix bartavelle et le circaète Jean-leblanc.
Comme à chaque fois qu’un secteur à risque est identifié, différentes solutions ont été envisagées. L’enfouissement, le plus efficace mais aussi complexe et coûteux, n’étant pas envisageable ici, Enedis a opté pour la pose de balises rouges tous les quinze mètres, pour rendre la ligne visible.
Pas en hélicoptère, comme cela se fait parfois, mais en drone. Une deuxième opération aura lieu en octobre. Au total, 230 balises doivent être installées.