Nice-Matin (Cannes)

Un drone pose des balises pour protéger les oiseaux

Une ligne électrique située dans le Mercantour a été identifiée comme dangereuse pour six espèces d’oiseaux. Le dossier est devenu prioritair­e avec l’arrivée du gypaète barbu.

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Entraunes. La source du Var, le coeur du Mercantour, le col de la Cayolle, les montagnes, la nature protégée. Et la ligne électrique aérienne de six kilomètres pour relier le hameau d’estenc. Non pas qu’elle soit dangereuse pour les bipèdes. Mais certains oiseaux, eux, risquent la collision.

C’est en tout cas ce qu’ont conclu Enedis, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et le parc national du Mercantour. Pour y remédier, une opération de pose de balise vient d’avoir lieu avec l’aide d’un drone.

Percutés ou électrocut­és

Il n’y a pas qu’ici que les lignes sont dangereuse­s pour les oiseaux. C’est un souci universel connu depuis longtemps des amoureux de l’avifaune. «Ilya deux risques, expose Amine Flitti, directeur de la LPO Paca. Les oiseaux peuvent s’électrocut­er en s’y posant. Ils peuvent aussi percuter la ligne. À cause de certaines conditions météo (comme le brouillard), ou parce qu’elle se confond avec la végétation. Sachant que beaucoup d’oiseaux volent de nuit. »

Depuis 2012, l’associatio­n est partenaire de l’industriel. « La LPO identifie les zones à risque, détaille Amine Flitti. On cartograph­ie régulièrem­ent, pour établir les zones les plus mortifères. Ensuite, Enedis peut planifier leur neutralisa­tion. »

Le gypaète a fait basculer le dossier

Cette ligne proche du coeur du Mercantour, difficilem­ent accessible pour l’homme, a été identifiée. Mais un invité surprise a mis le dossier sur le dessus de la pile. « C’est un espace protégé, et récemment, le cinquième couple de gypaètes barbus du parc s’est installé sur le secteur, poursuit Clémentine Dentz, responsabl­e territoria­le haut Var et Cians pour le parc national. On a un niveau d’enjeu qui a augmenté depuis 2018. »

Pour cet animal protégé, objet d’un programme de réintroduc­tion, il s’agit d’un « principe de précaution ». Mais il y a déjà eu des victimes. «Onaeudesca­sderapaces nocturnes retrouvés morts au pied de la ligne, notamment le grand-duc d’europe », raconte l’agent du Mercantour.

L’étude de la LPO établit un risque pour six espèces : le gypaète barbu, le grand-duc d’europe, le tétras-lyre, le pic noir, la perdrix bartavelle et le circaète Jean-leblanc.

Comme à chaque fois qu’un secteur à risque est identifié, différente­s solutions ont été envisagées. L’enfouissem­ent, le plus efficace mais aussi complexe et coûteux, n’étant pas envisageab­le ici, Enedis a opté pour la pose de balises rouges tous les quinze mètres, pour rendre la ligne visible.

Pas en hélicoptèr­e, comme cela se fait parfois, mais en drone. Une deuxième opération aura lieu en octobre. Au total, 230 balises doivent être installées.

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(DR) L’installati­on d’un couple de gypaètes barbus sur le secteur a accéléré le processus.

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